ime Urbaine, de jeunes acrobates de la poésie urbaine jonglent avec assonances et allitérations pour dire ce qui ne se dit pas ou ce qui se dit à peine. Ils slaloment sur des scènes slam et envoûtent ceux qui les écoutent. Rime Urbaine c'est Azayko, 21GL, Lynatic, Sokaris (étudiants en architecture), Mal au Ventre (étudiant en électrotechnique), Walid ou Pas (étudiant en droit), Alfie (en pharmacie), Auctoritas (en traduction) et Sandoz (un jeune tchadien poursuivant ses études en lettres françaises à l'université de Sétif). Rime Urbaine est un groupe de neuf slameurs qui se réunissent tous les jeudis, depuis près d'un an, afin de dire, d'écrire, d'échanger et de partager ; ils animent ateliers slam et organisent scènes ouvertes afin de permettre à d'autres slameurs, tout comme on leur a permis à eux un jour, d'insuffler leurs idées ou de révéler leurs pensées. Les trois associations culturelles, Gertrude II de Lyon, Chrysalide d'Alger et Arts et Culture de Sétif, dans le cadre du programme « Noir sur Blanc », ont offert, encore une fois, à Rime Urbaine » la possibilité de perfectionner leurs aptitudes artistiques en étant guidés par le slameur lyonnais Mehdi Benachour alias Lee Harvey Asphalte. Du 26 au 30 mai 2008, durant près de 30 heures, Mehdi Benachour, visant l'affirmation du style personnel d'écriture de chaque slameur tout en mettant en place un cheminement artistique collectif, a permis à ces jeunes poètes en herbe de comprendre le sens du partage artistique. Le formateur n'a pas hésité à souligner le travail personnel de chaque stagiaire « notamment hors stage le soir, malgré une période dense d'examens scolaires ». Et ce stage de perfectionnement ne fut que réussite ; l'absence de communication du premier jour se transforma vite en échange fertile et en réflexions fondées. Observant ce qui les entoure, tentant de décrire des gestes quotidiens afin de dire : « ce qu'on pense et qu'on ne dit pas », le vendredi 30 mai à 17h au théâtre municipal de Sétif, ces jeunes n'ont pas hésité à décrire ce qu'ils voyaient, ce qu'ils croisaient et qui les taraudaient : la paresse, l'orgueil, les valeurs sans valeur… l'architecture des villes, l'anonymat des rues, le fait qu' « on se bouscule sans voir où on marchent » comme nous le murmura 21GL, « le fait qu'on s'aveugle par peur de l'inconnu » comme le cria Auctoritas ; Azayko, quant à lui, nous décrit « 'hypocrisie de l'être avec lui-même », « le fait de vouloir se cacher derrière un voile », Sokaris évoqua le fait que l'« on se mente à soi-même par fierté » ou que l'« on privilégie le paraître en oubliant l'être » ; Lynatic, elle, compara même la discrimination au café au lait…Que de métaphores, de jeux de mots et d'envoûtement. Lee Harvey Asphalte, lui, n'hésita pas à improviser un slam, le public sétifien lançait des mots, lui les rattrapait et en jonglait avec virtuosité, public et stagiaires abasourdis. Qualifié d'« homme de la scène et de la poésie » par Sandoz, d'« alien » ou de « yoda du slam » par Mal au Ventre, de « maître » ou de « réincarnation du slam » par Alfie ou de « générosité à l'état pur » par Walid ou Pas, Lee Harvey Asphalte a suscité l'admiration des stagiaires, leur a permis de confirmer leur passion pour le slam, les a aidés à vaincre leur timidité, à saisir le sens de l'interprétation des écrits et à instaurer une relation d'échange et d'écoute avec le public. Le samedi 31 mai, encore une journée de travail acharné, Mehdi Benachour initia Rime Urbaine à l'enregistrement d'une première maquette professionnelle pourvue d'une réelle valeur artistique. Apprendre encore plus en s'écoutant, tel fut l'objectif primordial visé par le formateur à travers cette démarche. A présent, ces jeunes slameurs « savent où ils vont », comme nous le confia Mal au Ventre, l'un des membre fondateur de Rime Urbaine.