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L'après octobre 1988 : L'Algérie entre affairisme d'Etat et déficit démocratique
Publié dans Sétif Info le 08 - 10 - 2009

'une manière générale, le bilan du pouvoir algérien fait ressortir les incohérences d'une stratégie et son coût social, la croissance des dépenses improductives, la non-maîtrise de l'appareil productif, la formation de féodalités économiques et politiques (techno-bureaucratie civile et militaire), les dangers de l'extraversion et le mépris des masses en prime.
Ainsi, ni l'autogestion et le « gouvernement par le parti », ni les « industries industrialisantes » n'ont produit la matrice nécessaire au décollage économique. Pas plus que l'économie de marché tant annoncée. De même, le caractère d'exploitation qui découle de la confusion entre formes juridiques de propriété et rapports de production n'a pas été supprimé. Par ailleurs, depuis la Constitution de 1976 à ce jour, un régime présidentialiste hermétique à l'opposition a été mis en place, le président de la République ayant droit de vie et de mort sur l'ensemble des institutions. Certes, en apparence du moins, depuis la Constitution de 1989, le pouvoir cherche à tempérer cette situation par la répudiation du parti unique et du « socialisme spécifique » pour épouser l'économie de marché, l'adoption du principe de la séparation des pouvoirs (appelées fonctions auparavant) et le renvoi de la direction de l'armée hors de la sphère du politique. Cependant, pour peu qu'elles soient appliquées, ces innovations ne doivent pas masquer les carences préjudiciables au devenir de la démocratie en Algérie (le viol de la Constitution n'étant que la partie émergée de l'iceberg).
En effet, le chef d'Etat conserve, au-delà de l'écran politique du pluripartisme affiché, la haute main sur les institutions : il pourvoit aux postes élevés de l'Etat - civils et militaires -, il nomme et destitue le chef du gouvernement qui est responsable devant l'Assemblée, il peut procéder à la dissolution du Parlement avec lequel il a l'initiative des lois. Le président de la République demeure donc le centre « dictatorial » du pouvoir, ne fût-ce que du fait de son irresponsabilité politique ; ainsi, échappe-t-il à tout contrôle populaire. En ce sens, depuis l'indépendance, les différentes Constitutions algériennes sont constantes. Evoluant dans le cadre d'un régime présidentialiste, le modèle de développement élaboré par le Conseil de la Révolution et poursuivi dans la perspective d'une politique dite « changement dans la continuité », a sécrété un capitalisme d'Etat bureaucratisé et situé à la périphérie de l'économie mondiale de marché.
Dès son accession au pouvoir, chaque équipe au pouvoir s'emploie à annoncer de « grandes réalisations » (voire des plans de relance qui ne sauraient faire office de politique économique), feignant d'omettre les déséquilibres profonds et sérieux vécus au quotidien par le commun des citoyens. L'autoroute est-ouest est devenue un fétiche. La fracture sociale, culturelle et politique ne semble pas incommoder outre mesure nos dirigeants politiques ; ils n'ont pas hésité, en son temps, à désigner à la vindicte publique les exploitations agricoles (autogérées et coopératives) pour corroborer leur analyse militant en faveur d'une politique économique dont le secteur privé doit devenir la pierre d'angle au détriment du secteur public qui a servi de tremplin aux différentes fractions de la bourgeoisie algérienne pour asseoir leur hégémonie, et à l'ombre duquel des fortunes colossales se sont constituées. « L'après-pétrole » étant devenu depuis longtemps le leitmotiv de la stratégie politique du pays, avec pour toile de fond la réorientation de la doctrine économique.
Les grands axes en sont connus : la transformation des grandes entreprises (type Sonatrach), l'appel au secteur privé et au capital étranger et la relance de l'agriculture par la remise des terres nationalisées à leurs propriétaires. Cette nouvelle vision de l'économie conduit à une remise en cause au niveau des alliances. L'affairisme d'Etat favorable aux couches bourgeoises sert de soubassement à cette réorientation. Contre mauvaise fortune, le régime fit dès après 1988 le diagnostic de ses propres maux. Inaugurant ce mea-culpa, le chef de l'Etat d'alors eut à évoquer une perte de revenus. Il annonça des mesures destinées à réduire les achats à l'extérieur et un programme d'austérité en matière de dépenses publiques. Par ailleurs, la faible rentabilité du parc industriel - devenu un secret de polichinelle car tournant à environ 30-40% de ses capacités - s'accompagna d'une baisse sensible de la production agricole nationale, ne couvrant plus que 40% des besoins alimentaires dont 60% sont assurés par les importations au niveau des cultures céréalières, maraîchères et l'essentiel des viandes rouges.
Par ailleurs, le secteur privé s'est élargi, de plus en plus depuis, à l'agriculture, la pêche, la transformation, la construction, le commerce et les prestations de service. Contrairement à la Tunisie et au Maroc, l'Algérie a peu d'arboriculture fruitière et l'élevage reste une activité traditionnelle et cantonnée aux nomades ou semi-nomades des Hauts Plateaux et du Sud. De la même manière, un domaine aussi vital que celui de l'habitat est abandonné au pouvoir de l'argent alors que, du fait du dépeuplement des campagnes, le taux de croissance annuel de la population urbaine oscille autour de 6% contre 4,5% au Maroc et 4% en Tunisie. Pour étoffer cette politique dite « pragmatique » entamée avant les « événements » d'octobre 88, le pouvoir en place s'est doté d'un arsenal juridique en vue d'asseoir, d'une manière durable, une économie de marché qui devait constituer l'infrastructure de ses réformes. La principale de ces lois concerne la monnaie et le crédit qui introduit la possibilité pour les entreprises de transformer leurs obligations provenant de dettes ou de créances, en actions.
En outre, la convertibilité du dinar comme préalable à la relance économique, devait « rendre à la monnaie nationale sa valeur réelle », sachant que la sphère informelle détient en toute vraisemblance plusieurs milliards de dinars échappant totalement au circuit bancaire ». Par ailleurs, la situation des entreprises nationales est désastreuse ; à titre illustratif, « Air Algérie » a eu à enregistrer un déficit de 800 à 900 milliards de centimes. S'agissant de la dette extérieure (43% du PNB), elle était financée par les exportations des hydrocarbures (96%), absorbant 40% des investissements. D'après la Banque d'Algérie, le service de la dette pour 1990 a été de 7 milliards de dollars entre principal et intérêts, soit 60% des recettes d'exportation. Pour refinancer celle-ci, l'Algérie avait alors demandé au Crédit Lyonnais, d'être le chef de file d'un consortium bancaire international chargé de lever un emprunt de 2 milliards de dollars pour « pallier le remboursement du service de la dette sans sacrifier la croissance économique ». Certes, la dette est résorbée, mais sans doute au détriment des investissements.
La politique économique algérienne - ou ce qui en tient lieu - semble privilégier l'aspect monétaire, l'objectif fondamental des réformes devait concerner « la réduction de la masse monétaire dont les instruments principaux sont le flottement du dinar, l'inflation et le drainage de l'épargne par une réorganisation du dispositif bancaire ». En vain. La traduction de cette politique économique pousse le pouvoir à mettre en place un marché financier et une bourse, à la refonte du code de commerce relativement à l'émission des valeurs mobilières, à libérer plus de 90% des prix et à pousser les dirigeants des banques et des entreprises à jouer le rôle de propriétaires en économie de marché. A cet égard, M. Hidouci, ex-ministre de l'Economie, a pu dire : « Nous avons obtenu du FMI et de la Banque mondiale qu'ils déclarent notre programme juste du point de vue de l'orthodoxie économique... Ce qui est attendu de nous, en réalité, c'est de privatiser ». Or, la dénationalisation du secteur public n'assure-t-elle pas un ticket pour une « solution à la polonaise » : 1 million de chômeurs et 1.000% d'inflation en 5 semaines (1,4 million pour l'ex-Yougoslavie et 2 à 3 millions pour l'ex-RDA).
Ainsi, il est loisible de constater au grand jour des différenciations sociales jusqu'ici inégalées, y compris chez les couches moyennes. De fait, il semblerait que les cadres moyens et supérieurs, dans les entreprises et les administrations, souffrent tout comme les catégories sociales à bas revenus. Ainsi, si ces cadres ne contestent pas les « vertus thérapeutiques des réformes » et marquent leur préférence pour l'économie de marché jugée plutôt efficace, ils redoutent néanmoins l'inflation et la dévaluation du dinar, l'aggravation du chômage et la gestion des relations de travail devenues difficiles. Sans doute, comme l'a remarqué M. Benissad, (économiste), « Ce n'est pas parce qu'on a augmenté les taux d'intérêts, déprécié le taux de change, ou libéré les prix que l'on va résoudre les problèmes vrais que vit l'économie algérienne ». C'est le cas de l'Argentine et du Brésil, deux géants aux pieds d'argile.
Face à la montée du péril social, l'état d'urgence qui mit fin à la « récréation démocratique » (sorte de démocratisation « spécifique ») et mit l'Algérie face à un syndrome tout à la fois libanais - déliquescence de l'Etat - et polonais - crise économique aiguë -, La Mecque des révolutionnaires hésiterait-elle entre une « solution à la chilienne » et une révolution des oeillets ?
Ammar KOROGHLI, Avocat et auteur algérien


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