Sur la passerelle qui traverse le fleuve Vilaine dans le centre ville de Rennes une cinquantaine de Rennais se sont retrouvés à l'appel de diverses associations dont l'Association de Jumelage Rennes-Sétif pour saluer la mémoire des victimes de la répression policière du 17 octobre 1961 à Paris. Madame Ghania Boucekkine, vice-présidente de l'Association Rennes-Sétif et présidente de la Maison Internationale de Rennes, a rappelé les faits : « Ce 17 octobre 1961, le droit à la vie, le droit à la dignité, le bien le plus précieux de l'espèce humaine, a été bafoué. En effet, alors qu'ils manifestaient pacifiquement et dignement pour l'indépendance de l'Algérie des centaines d'Algériens trouvèrent la mort dans d'atroces conditions. Des milliers furent arrêtés et conduits au palais des sports dans des conditions inhumaines. Certains furent battus, d'autres torturés ou jetés dans la Seine. Nous nous inclinons devant la mémoire des nombreuses victimes de ce jour funeste et avons une pensée émue pour leurs familles qui, pour certaines, n'ont jamais pu faire leur deuil ». Puis, Elle a cité un poème de Kabeb Yacine : « Peuple français, tu as tout vu/ Oui, tout vu de tes propres yeux./Tu as vu notre sang couler. /Tu as vu la police/ Assommer les manifestants/ Et les jeter dans la Seine./ La Seine rougissante/ N'a pas cessé les jours suivants/De vomir à la face/Du peuple de la Commune/Ces corps martyrisés/Qui rappelaient aux Parisiens/Leurs propres révolutions/Leur propre résistance./Peuple français, tu as tout vu,/Oui, tout vu de tes propres yeux,/Et maintenant vas-tu parler ?/Et maintenant vas-tu te taire ? » Ensuite, Georges Ploteau, président de l'ARAC 35, a lu l'appel « Vérité et Justice » signé par de nombreuses associations nationales demandant « que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'état ». Après une minute de silence, les citoyens rennais présents ont symboliquement jeté des roses dans le fleuve pour honorer la mémoire des victimes de la répression policière. La soirée s'est poursuivie à l'auditorium de la Maison Internationale de Rennes par la projection du film de Daniel Kupferstein « 17 octobre 1961 : Dissimulation d'un massacre à Paris » et par un hommage à Jean-Luc Einaudi, récemment décédé, qui a consacré une bonne partie de sa vie au combat de la reconnaissance des massacres du 17 octobre. Avec émotion, un large public de plus de 70 personnes a regardé le film puis a participé à un débat animé par Michèle Fougeron longtemps présidente du MRAP 35. L'association de Jumelage Rennes-Sétif a remercié les nombreuses personnalités présentes lors de cette commémoration, notamment M. François Richou, vice-président du Conseil-Général d'Ille et Vilaine, Mme Jocelyne Boujeard, adjointe au Maire de Rennes déléguée aux relations Internationales et des relations publiques représentant Madame La Maire de Rennes , Mme Katja Krüger, conseillère municipale déléguée au temps de la ville, M. Mimouni, représentant du Consulat d'Algérie à Nantes et les nombreuses personnalités représentées ou excusées. Son président, Christian Lohyn, a aussi souligné avec plaisir la présence de nombreux jeunes étudiants algériens lors de cette commémoration.