Le Cartel, qui b?n?ficie du soutien de la Russie, est d?accord sur une nouvelle baisse de la production. Mais les craintes d?un faible impact sur les prix subsistent, apr?s l??chec de la premi?re tentative d?atteindre cet objectif strat?gique. Un ?chec que l?OPEP ne s?explique toujours pas? Les pays de l?OPEP, r?unis aujourd?hui, contr?lent 67% des r?serves av?r?es de brut, 37% de la production mondiale et b?n?ficient d?sormais d?un soutien de poids, celui de la Russie qui assure 10% des besoins du march?. Mais la d?cision, ? l?unanimit?, d?une nouvelle baisse de la production globale de l?OPEP, ? pr?s de 2 millions de barils/jour, qui devrait ?tre confirm?e, aujourd?hui, n?est pas du go?t des pays consommateurs, Etats-Unis en t?te. De nombreuses sources parlent de pressions -ce qui n?est d?ailleurs un secret pour personne- sur les pays exportateurs de p?trole pour que la baisse en question n?ait pas lieu. On parle, aussi, de campagne m?diatique, de r?tr?cissement des march?s financiers et, parfois aussi, de la r?ouverture de certains ?vieux dossiers? dont se chargent certains pays pour mettre en inf?riorit? tel ou tel membre de l?OPEP et entamer sa d?termination. Lors de la premi?re d?cision de r?duire sa production de 1,5 million de barils/jours, en octobre dernier, l?OPEP avait ?t? prise ? partie par les pays industrialis?s. Les Etats-Unis, premier client de l?organisation, avaient r?agi n?gativement ? cette d?cision. ?Nous pensons depuis toujours que la valeur des biens, y compris du p?trole, doit ?tre d?termin?e par des march?s ouverts, concurrentiels, et non pas par ce genre de d?cisions contraires au march??, avait d?clar? la Maison-Blanche. Cette attitude est la m?me que celle affich?e, en f?vrier dernier, par Washington qui avait d?j? demand?, alors, la r?ouverture des vannes face ? la crise hypoth?caire qui frappait l?Am?rique. Ce qu?il convient de savoir, par ailleurs, c?est que cette semaine a vu le pr?sident bolivien, Evo Morales, annoncer publiquement qu?il soup?onnait les Etats-Unis d?avoir orchestr? d?lib?r?ment la chute actuelle du prix du p?trole dans le but de ?punir? les r?gimes hostiles, dont celui de son alli? v?n?zu?lien Hugo Chavez. ?L?empire (am?ricain, ndlr) sait malheureusement utiliser le syst?me financier pour punir quelqu?un?, a poursuivi le dirigeant socialiste. On ne sait quel cr?dit donner ? ces accusations, mais ce qui est s?r c?est que cette situation a r?duit de mani?re drastique les recettes p?troli?res du Venezuela dont le Pr?sident Hugo Chavez se trouve ?tre ?galement proche alli? de Cuba et de l?Iran. Selon des analystes du march?, si les prix du p?trole demeurent au plus bas, il n?y aura plus que les grandes compagnies p?troli?res occidentales, comme Exxon, Mobil et BP Shell sur le march?, celles qu?on appelle les majors. Les compagnies p?troli?res d?Etat des pays de l?OPEP se retrouveront, en effet, affaiblies financi?rement et donc incapables d?investir dans de nouveaux gisements. Le ministre du P?trole du Qatar avait affirm?, fin novembre au Caire, que 70 dollars le baril ?tait un prix ?quitable qui pr?serverait les investissements futurs des pays producteurs. Il a pr?venu, ? d?faut, d?une grave p?nurie dans un avenir proche. Pour revenir aux pressions ?trang?res, il faut savoir que les Am?ricains ne sont pas seuls. En effet, la Commission europ?enne a d?clar? lundi attendre que l?adh?sion de la Russie ? l?OPEP soit officialis?e avant de faire le moindre commentaire. Selon le porte-parole de l?UE, Ferran Tarradellas Espuny, ?cette d?cision n?a pas encore ?t? adopt?e, mais elle n?est pas ? exclure?. Et d?ajouter que l?Union europ?enne pr?conisait un ?march? ouvert? des livraisons d?hydrocarbures et ne saluait gu?re la cr?ation de cartels ?nerg?tiques. Le Conseil europ?en, r?uni r?cemment, s?est prononc? pour un dialogue avec les pays producteurs d?hydrocarbures pour rechercher les moyens d?une stabilisation durable des prix de l??nergie. Mais il semble qu?il opte pour des discussions bilat?rales, plut?t que dans le cadre de l?OPEP, se mettant ainsi ? la recherche de br?ches ?ventuelles ou de dissonances entre les membres et que l?UE pourra mettra ? son profit. Selon une ?tude de l?une des soci?t?s d?informations les plus importantes sur le march? de l??nergie, l?agence Platts, la production de p?trole brut de l?OPEP a recul? de 880.000 barils par jour (bj) en novembre. Mais, en excluant l?Indon?sie, qui va quitter le cartel ? la fin de l?ann?e, et l?Irak, dispens? du syst?me de quotas, la production des membres restant n?a diminu? que de 950.000 barils par jour. De plus, m?me si la r?duction de 1,5 million de b/j ?tait pleinement appliqu?e, rares sont ceux qui pensent, d?sormais, que cela suffira pour contrer la forte hausse des r?serves, ce qui va pousser encore plus les prix ? la baisse. Car, en effet, le niveau v?ritable des r?serves ?nerg?tiques chez les pays consommateurs reste une inconnue. En tous cas, les chiffres avanc?s par les consommateurs sont rarement pris avec na?vet? par l?OPEP. C?est d?ailleurs pour v?rifier ces chiffres que, lors de sa r?union fin novembre au Caire, le Cartel a d?cid? de ne rien entreprendre avant la conf?rence d?Oran. Entre-temps, le march? a subi une nouvelle ?trituration sp?culative? vers le bas, avec l?annonce par l?agence am?ricaine d?information sur l??nergie (EIA) de ses pr?visions pessimistes sur la demande et en annon?ant un prix moyen du baril de brut de 51 dollars en 2009. Ce coup de pouce aux sp?culateurs, qui jouent un effet de distorsion continue sur les prix, a particip? ? rendre nul l?effet de la premi?re baisse op?r?e par l?OPEP en octobre. La semaine derni?re, l?actuel pr?sident de l?OPEP, Chakib Khelil, avait, pour sa part, affirm? qu?il y avait ?un exc?s d?offre ?vident? sur le march? p?trolier, r?p?tant aussi que le niveau des stocks ?tait trop ?lev?. Ils couvrent actuellement 56 jours de consommation, contre une moyenne de 52 jours sur ces cinq derni?res ann?es, soit un exc?s d?environ 320 millions de barils, selon lui.