Les exemples de ces t?moignages d?amour intense envers Dieu sont nombreux, tr?s nombreux, dans la litt?rature soufie et les textes laiss?s par les illustres chantres de l?amour divin comme Rabia Al-Adawiyya, Al-Muh?sibi, Maaro?f Al-Karkhi, Bichr Al-H?fi, Omar Ibn Al-F?ridh, Djal?l Eddine Ro?mi, H?fiz, Yo?nes Emri et autres. Il va de soi qu?ils s?inspirent directement des textes fondamentaux de l?Islam et dans la propre exp?rience du Proph?te; ce dernier avait commenc? sa vie par une qu?te de recherche et d?amour de Dieu qui l?avait amen? ? s?isoler pendant des jours et des nuits dans la grotte de Hir?. Cependant, dans la conception islamique de l?amour, celui-ci est indissociable de la crainte r?v?rencielle (taqwa) d?Allah, car on ne peut pas pr?tendre aimer Dieu et Lui d?sob?ir en m?me temps ; ce serait un faux amour, un v?u pieux et une chim?re. C?est pourquoi le Coran a fait l??loge de la meilleure forme d?amour qui ?tait celle des proph?tes, en disant d?eux : ?Ce sont des gens qui s?empressaient de faire le bien, Nous invoquaient avec amour et crainte et faisaient preuve d?humilit? devant Nous?. Nous remarquons ici que ce verset fait passer l?amour de Dieu avant Sa crainte. Mais il n?emp?che que l?un ne va pas sans l?autre. Aimer Dieu sans Le craindre, en se permettant par exemple de Lui d?sob?ir, c?est faire peu de cas de Ses pr?ceptes et de Ses ordres ; Le craindre sans L?aimer, c?est Le d?pouiller de Ses attributs de compassion (wadd), de mis?ricorde (rahma) et d?indulgence (hilm) qui d?coulent de Son amour pour Ses serviteurs, et en faire - ? Dieu ne plaise - un Dieu tyrannique et oppresseur. C?est l? le sens de la parole attribu?e au Proph?te : ?Quel excellent adorateur que Suhayb (Erro?mi) ! M?me s?il ne craignait pas Dieu, il ne Lui d?sob?irait pas ?. Aimer Dieu sans Le craindre est susceptible, en effet, d?amener, ? la longue, l?amant ? oublier son r?le de serviteur fid?le et d?vou? et ? croire que le fait d?aimer Dieu peut lui permettre des ?carts et des d?viations dans le comportement, d?o? le risque de libertinage (ib?ha) contre lequel les grands soufis mettent en garde. On rapporte ? ce sujet que le Proph?te fut inform? du cas de certaines personnes qui pr?tendaient que l?amour de Dieu dispensait de tout acte d?adoration. Il s?exclama alors: ?Elles mentent! Car si elles aimaient vraiment Dieu elles aimeraient forc?ment les actes d?adoration?. Le cheikh Abdelqader Djil?ni a dit au sujet de celui qui se laisse tromper par son amour pour Dieu en Lui d?sob?issant : ? Il incombe donc au serviteur favoris? de ne point se sentir ? l?abri des stratag?mes de Dieu, en se laissant induire en erreur par Ses bienfaits et en pensant qu?ils sont durables, et en oubliant de rendre gr?ce en rel?chant son lien avec Dieu par son ingratitude. Suite et fin