Le d?sengagement pratiquement d?finitif du monde arabe de la guerre contre Is- ra?l a boulevers? les strat?gies palestiniennes mais a, d?abord, provoqu? la remise en cause des anciennes certitudes et des anciennes illusions. Le monde arabe devait initialement ?lib?rer? la Palestine, toute la Palestine, et n?avait pas ?pens?? ? d?sengager administrativement l?Egypte de la Bande de Ghaza et la Jordanie de la Cisjordanie pour les remettre ensuite aux Palestiniens. Les camps des r?fugi?s palestiniens de 1948, install?s ? Ghaza, ?taient demeur?s des camps m?me lors de la guerre de 1967, dite des six jours, attendant que les pays arabes remportent, enfin, cette guerre qui leur permettra de rentrer chez eux. Une nouvelle situation est n?e ou plut?t confirm?e suite au constat qu?Isra?l ?tait et est entr? en guerre, non pas contre des Etats mais contre des mouvements politico-militaires dits de r?sistance qui ont eu ? en supporter tout seuls le poids. D?calage entre les Etats et ces mouvements? Une nouvelle donne g?opolitique avec une nouvelle donne militaire? Un nouvel ordre politique r?gional avec un nouvel ordre distributif de puissance militaire dans la r?gion? Une nouvelle configuration politique qui consacre la r?alit? militaire, avec des pays arabes qui mettent en ?uvre des politiques destin?es ? mettre leur s?curit? ? l?abri de toute menace, tandis qu?Isra?l assoit sa politique arabe sur l?expression de puissance? Il est vrai que les pays arabes ont retenu la le?on des conflits pass?s, non pas pour engager un programme commun d?acquisition des capacit?s ?galisatrices de puissance, mais pour s?extirper du champ des possibles conflits avec Isra?l. C?est ce qu?on peut appeler casser les tabous qui maintiennent la politique ext?rieure en otage. Le premier de ces tabous a ?t? cass? par l?Egypte lorsque le pr?sident Sadate s??tait rendu ? la Knesset. Le deuxi?me a ?t? ?galement cass? par le m?me pays avec la politique de l??infitah? rejet?e par nombre de pays arabes. Les pays arabes ont si bien retenu les le?ons que le conflit, qui ?tait au d?part isra?lo-arabe, a fini par devenir une confrontation militaire isra?lo-Hamas, dans le contexte d?une autre confrontation qui oppose le Hamas au Fatah, apr?s qu?il fut une confrontation isra?lo-palestinienne. Il semble donc se confirmer qu?est consomm?e la fin de la confrontation militaire arabe avec Isra?l, ce qui explique que dans la situation militaire pr?sente ? Ghaza, ce sont les ministres arabes des Affaires ?trang?res qui se sont r?unis pour un plan commun, et pas les ministres de la D?fense, et ceci expliquerait alors que du c?t? des Etats et Royaumes arabes, ne fusent point des menaces. Et pourtant, dans la Charte de la Ligue arabe, il existe bien une disposition ?quivalente ? l?article V de la Charte de l?Alliance qui engage les membres de celle-ci ? riposter solidairement ? une agression contre l?un d?eux. Il faudrait bien, cependant, reconna?tre que, d?abord, aucun pays arabe n?est une puissance militaire, que les pays arabes tous ensemble seront emp?ch?s de construire une entit? soud?e capable de disposer d?une politique commune sur les plans des relations internationales, de la d?fense, et m?me sur le plan int?rieur, qu?ils seront m?me emp?ch?s de faire r?ussir un vrai processus de d?mocratisation. Les pays arabes savent qu?un pays tel que les Etats-Unis s?engage en permanence ? garantir la sup?riorit? militaire op?rationnelle d?Isra?l sur l?ensemble r?uni des pays arabes et que, de pr?f?rence, pour assurer leur propre s?curit?, ainsi que celle des r?gimes, il serait une n?cessit? de s?int?grer dans l?architecture internationale de s?curit? d?finie par, bien s?r, les Am?ricains.