La dissimilitude de l??tre avec les autres cr?ateurs est bien ?vidente. La logique veut qu?il y ait entre le Cr?ateur et Ses cr?atures une grande distance. Aucune comparaison n?est donc possible entre eux tant au niveau de l??tre que du para?tre. Dieu s?est donn? beaucoup de qualificatifs dont il nous est difficile d?en saisir la signification, car il ne s?agit pas de choses courantes. Les partisans de l??sot?risme, quant ? eux, avancent qu?il s?agit l? de ?la sollicitude?, ?de la protection?... Comme on le voit, l?anthropomorphisme est condamn?, mais cette condamnation suit des voies diff?rentes. On peut m?me dire qu?il est impossible d?en percer le secret. Comment des ?tres banals peuvent-ils pr?tendre se mesurer ? un grand g?nie ? La fourmi ne conna?t rien sur l??tre humain, car son intelligence est tr?s limit?e. L?enfant, dans les premi?res ann?es qui suivent sa naissance, n?a aucune notion ni de l??ge adulte, ni de la maturit? qui caract?rise la pens?e des hommes. L?homme est incapable d??lucider les myst?res du monde visible. Comment peut-il alors oser croire que le monde spirituel est ? sa port?e ? Quand on dit que Dieu entend et voit, cela ne veut pas dire que ces actes s?accomplissent avec des oreilles et des yeux comme les n?tres. Si on dit qu?Il a cr?? les cieux, cela ne s?est pas fait par des mat?riaux de construction comme les n?tres. Et si on parle de Sa main, celle-ci n?a absolument aucune ressemblance avec celle de l?homme. Dans tous les cas, nous devons toujours avoir pr?sent ? l?esprit le fait qu?il ne faut jamais ?tablir de parall?lisme entre Dieu et Ses cr?atures. La divinit? est au-dessus de tout ce que peuvent imaginer les esprits las et les cerveaux d?faillants. On trouve dans le Livre Sacr? des termes tels que ?le visage?, ?les mains?, ?les yeux?, ?l?intronisation?, etc. que beaucoup de musulmans ont essay? de comprendre, mais en vain. Un po?te a dit dans ce sens : ?Notre raisonnement finit toujours par se heurter ? des obstacles. Et dans nos r?flexions nous n?aboutissons qu?? des impasses. Ce que nous tirons de nos recherches se limite ? des opinions glan?es ? droite et ? gauche. Que d?hommes ont pu atteindre la cr?te des montagnes ! Celles-ci demeurent, les hommes tr?passent?. Ce n?est pas ?tonnant que nos efforts restent vains dans ce domaine qui exige des moyens dont nous ne disposons gu?re. Un chimiste pourrait fort bien conna?tre les propri?t?s d?un liquide ou d?un gaz, quand il entreprend des exp?riences au laboratoire. Mais comment peut-on, par le biais de la recherche th?orique sur les questions divines, affirmer certaines choses et en invalider d?autres ? L?on sait d?ailleurs que ces questions n?ont pas de r?ponse. Dieu dit ? propos de Son ?tre et de Ses attributs : ?C?est Lui qui t?a r?v?l? le Livre, enfermant des versets explicites, formant l?essence m?me des ?critures, et d?autres ? sens ?quivoques. Ceux ? la foi profond?ment atteinte suivent ce qui est ?quivoque par go?t du schisme et d?sir d?interpr?tation tendancieuse. Dieu Seul, cependant, en conna?t le vrai sens. Les vrais initi?s se bornent ? dire : ?Nous ne pouvons qu?y croire. Tout proc?de de notre Seigneur? (Al ?Imrane, 7). De ce fait, c?est avec gait? de c?ur que nous avons agr?? tout ce que Dieu dit de Lui-m?me dans le Coran. Nous ne nous sommes jamais aventur? ? des interpr?tations tendancieuses et nous nous sommes toujours refus? ? le personnifier et ? le comparer. Ce point m?rite qu?on s?y arr?te davantage : Les langues ont de tout temps ?t? des produits de l?homme. Nous, Arabes, avons forg? le terme ?oreille? pour d?signer cette cavit? qui se trouve ? droite et ? gauche de notre visage, et qui nous permet d?entendre les sons et de distinguer les mots. D?autres peuples ont donn? ? ce m?me signifi? des signifiants diff?rents du n?tre. L?essentiel est que ces termes ont ?t? forg?s par les hommes pour exprimer des notions concr?tes et abstraites qu?ils connaissent parfaitement. Que ces termes soient employ?s pour discuter de ce qui a trait ? la divinit?, cela ne doit ?tonner personne, puisque le but est de permettre la compr?hension. Mais, en aucun cas, on ne peut pr?tendre que ces termes puissent exprimer parfaitement le monde invisible, eux qui ont ?t? forg?s pour faciliter notre connaissance du monde mat?riel. Partant de l?, il nous est possible de comprendre n?importe quel instrument linguistique qui aborde les questions divines, mais la langue, n?importe quelle langue, reste malgr? tout un moyen bien m?diocre pour toute approche concernant des questions s?rieuses dont la compr?hension parfaite d?passe notre entendement limit?. Notre intelligence est incapable de saisir Dieu et de comprendre Ses Attributs. Nos langues sont valables pour l?expression de notre v?cu quotidien, inad?quates quand il s?agit de percer les secrets divins. Les Musulmans, qu?ils soient anciens ou modernes, sont unanimes l?-dessus. Toutefois, leurs contradictions paraissent ?videntes quand il s?agit d?expliquer les termes relatifs ? l?anthropomorphisme. Certains d?entre eux font une lecture exot?rique du Coran et conf?rent aux mots des charges s?mantiques, qu?ils ne recouvrent pas. D?autres se plaisent dans leur ?sot?risme et se livrent ? des interpr?tations personnelles. Leur but, ? tous, reste cependant unique. Ainsi, les adeptes de l?exot?risme expliquent le terme ??il? du verset coranique ?que cela se fasse sous Mes yeux? en disant: ?Dieu a des yeux, mais qui ne ressemblent pas aux n?tres?. Cheikh Mohamed El Ghazali