Tel un rouleau compresseur et avant m?me qu?il annonce sa candidature ? la pr?sidentielle d?avril 2009, le pr?sident sortant, Abdelaziz Bouteflika, cr?e l?effet de tsunami mobilisateur chez ses partisans comptant parmi le plus puissant triumvirat, l?Alliance pr?sidentielle (RND-FLN-MSP), et huit organisations de masse tir?es par de grosses cylindr?es de la famille des Moudjahidine et de la Centrale syndicale. D?autres organisations recrut?es dans les camps du mouvement as-sociatif, dont d?anciens r?volutionnaires, ? l?instar des associations de condamn?s ? mort, celle des grands invalides de guerre de lib?ration nationale et de l?ex-f?d?ration de France du FLN et du mouvement estudiantin, viennent, elles aussi, grossir les rangs. Toutes les structures m?connues depuis des ann?es ont ?t? ?galement recycl?es ? l?occasion de la prochaine ?ch?ance pour le prochain mandat pr?sidentiel. Il ne se passe pas un jour sans qu?il pleuve des messages de soutien en faveur de la candidature de Bouteflika. ?M?me les tribus africaines sont pr?tes ? lui pr?ter all?geance?, ironisent quelques-uns de ses adversaires politiques dont certains vont m?me jusqu?? pr?dire sa ?fin proche en raison de probl?mes de sant??. Mais, lui, le vieux routier de la politique, et dans un silence calculateur, sait comment tenir en haleine ses protagonistes. Utilisant ? merveille l?art de l?ambigu?t?, Bouteflika, apr?s 10 ann?es de r?gne, a tous les atouts en main pour continuer, imperturbable, sa marche. Le seul concurrent qu?il peut s?rieusement craindre est un fort taux d?abstention. Ses s?rieux rivaux, pr?sent?s comme des personnalit?s de poids sur la sc?ne politique (Zeroual, Djaballah...), se d?font un par un, laissant la voie ? une faune de candidats ? la candidature. A d?faut d?un d?cor semblable ? celui des fameux six, qui ont jet?, tous ensemble, l??ponge en derni?re minute en 1999, on impose la loi du nombre, disent certains observateurs du paysage politique. Depuis, Bouteflika a entam? une v?ritable sape sur le terrain pour ?largir son aura, en l?absence d?alternative d?mocratique ?touff?e par des divergences partisanes et des conflits d?int?r?ts. Il s?est ?galement adroitement servi de la politique de concorde civile, puis de la charte pour la r?conciliation nationale, certes copi?es intelligemment de ses pr?d?cesseurs du Contrat de Rome et la loi sur la Rahma. Mais cela a ?t? bien pens? dans le cadre de la strat?gie du ?containment? pour neutraliser ses s?rieux pr?tendants dans le courant islamiste qui dispose d?un grand terreau ?lectoral. Il utilise aussi son grand art de la rh?torique pour contr?ler les leaders islamistes qui excellent dans l?art du pr?che. Tout est s?rieusement calcul? pour faire main basse sur la sc?ne politique. L?ensemble de ses sponsors politiques est s?r, d?avance, de r?colter des dividendes, avec des li?vres comme d?cor. Le candidat Bouteflika est-il ? ce point s?r de son fait pour qu?on le craigne vraiment ? Ceci a d?ailleurs amen? quelqu?un comme Sa?d Sadi ? geler ses activit?s, et l?ex-chef du gouvernement, pr?sident de l?ANR, R?dha Malek, ? se retirer de la vie politique. Personne ne veut se mesurer ? lui alors qu?il ne s?est pas encore prononc?. D?autres opposants qui ont la peau dure dans ce genre de bras de fer, comme le FFS, le PST et le MDS, ne se laissent pas gagner par la r?signation et appellent ? un boycott actif, tout en brandissant la d?saffection populaire au prochain rendez-vous. Comme lors des derni?res l?gislatives. L?enjeu n?est cependant pas le m?me. Mais ils sont d?ores et d?j? sur le terrain pour torpiller le 3?me mandat. A l?antipode, le staff de campagne de Bouteflika aff?te ses armes. Premi?re d?monstration de force, la collecte d?un million de signatures pour leur candidat. ?C?est un jeu in?gal?, vocif?rent les ?petits? candidats qui ont de la peine ? atteindre le plafond fix? ? 75 000 signatures. En aval, la machine administrative, conduite minutieusement par des brigades mobiles et les DRAG au niveau des wilayas, entame le dernier virage de la r?vision exceptionnelle des listes ?lectorales. Et en amont, le QG du pr?sident candidat d?p?che ses membres ? travers les wilayas et d?signe ses t?tes de campagne au niveau local. Jamais dans les annales politiques, une grande ?ch?ance comme celle-ci n?a mobilis? autant de partis et d?organisations autour d?un seul candidat. Si le staff pr?sidentiel, trop euphorique, pr?voit d?j? une tr?s forte participation au prochain scrutin, la comparant ? l??lan de solidarit? avec le peuple palestinien de Ghaza, d?autres, plus pessimistes, tablent sur une forte abstention. R?ponse en avril 2009.