Le Th??tre du dire se d?finit comme l?h?ritier de ce qu?a ?t? l??cole de Kaki et trouve aujourd?hui ?son public? pour l?honorer et l??couter jusqu?au moindre frisson. Apr?s plus d?une trentaine de spectacles, sa forme de mise en sc?ne r?pond ? beaucoup d?hommes de th??tre, et d?montre m?me que depuis la naissance du th??tre alg?rien, c?est surtout au populaire que s?adresse le jeu th??tral. L??lite elle-m?me se recon-na?t dans cette fa?on de ?jouer? sa soci?t?. Abb?s Lacarne, le concepteur de cette formidable machine dramaturgique, sorti d?abord du conservatoire de Sidi Bel-Abb?s, rejoint le Masrah Cha?bi sous la conduite de Sa?m El Hadj Sa?m chez qui il d?couvre le go?t du parler populaire. Notamment ? travers la fameuse pi?ce de ?Jouha? et sa gestuelle typique allant du satyre au canular en complicit? avec les spectateurs, signe d?intelligence pour mettre ? mal les fourbes et les cupides. Lacarne dira de cette ?poque: ?Nous ?tions jeunes et nous ?tions ouverts ? l?apprentissage. Sa?m El Hadj aura ?t? notre che?kh. Il nous a l?gu? toutes les ficelles du m?tier. Je peux dire que je lui dois beaucoup?. En notant que c?est au sein de Masrah Cha?bi qu?il interpr?te de grands personnages litt?raires dont ?Ruiz Blas? de Victor Hugo et surtout la c?l?bre et grande tirade tr?s bien traduite en arabe par Sa?m lui-m?me dont voici un extrait: ?Ce pays qui fut pourpre et n?est plus que haillon/ L??tat s?est ruin? dans ce si?cle funeste/ Et vous vous disputez ? qui prendra le reste!/ Ce grand peuple espagnol aux membres ?nerv?s/ Qui s?est couch? dans l?ombre et sur qui vous vivez/ Expire dans cet antre o? son sort se termine/ Triste comme un lion mang? par la vermine?. Lors d?un stage de formation dirig? entre autres par Henry Cordeau, immense homme de th??tre, d?veloppant alors les formes non conventionnelles, Abb?s Lacarne m?morise l?instant avant de s??clipser des planches durant une quarantaine d?ann?es pour des raisons sociales tout en suivant les ?tapes que traverse notre 4?me art. Et un jour d?hiver, dans un coin d?un caf? du centre ville et ? la question pos?e par un confr?re s?il ?tait capable de reprendre les ?gants? pour remonter au ring, il aura cette r?ponse franche, ?Je suis pr?t?. Il invente au sein du ?Caf? litt?raire? du Th??tre r?gional de Sidi Bel-Abb?s son esp?ce de la ?halqa? o? il d?clame des aphorismes, des adages de la r?gion, des qacidate des bardes du melhoun. Ce l?ger spectacle trouve des encouragements et se transforme en 2006 par une grande sortie intitul?e ?Akhit halqa? dans laquelle surgit la forme longtemps matur?e du th??tre de la ?fraja?. Au th??tre, l?on croise autant les anecdotes cocasses que les grandes ?pop?es ? travers les vers d?un Mestpha Ben Brahim, d?un Che?kh Benharrat ou encore les aphorismes du l?gendaire Abderrahmane Majdoub. Ainsi l? ou passe Lacarne et ses compagnons, le public est conquis et reconna?t son patrimoine. Enhardi par cette aura populaire, la troupe du Th??tre du dire ?largit son ?cho dans les wilayas, notamment pendant les semaines culturelles organis?es par le commissariat des arts populaires sous la tutelle du Minist?re de la Culture. Le livre d?or du Th??tre du dire t?moigne de l?accueil r?serv? ? ce travail digne de m?rite car il restitue non seulement la m?moire populaire mais aussi laisse une trace ? suivre pour le th??tre alg?rien pour peu qu?on y pr?te oreille et qu?on lui offre les moyens dont il a besoin pour s??panouir. Abb?s Lacarne et ses compagnons continuent de vadrouiller de village en village, de sc?ne en sc?ne et s?me ? qui veut la culture du ?trab? et l?esprit des lumi?res. La prochaine ?tape sera sur les bords d?Oran El-Bahia, au pays de Alloula.