De moins de 3 milliards de dol-lars, en 2003, la facture ali-mentaire de l?Alg?rie a bondi ? un peu plus de 8 milliards, en 2008. Si cette explosion des d?penses en devises a tripl?; cela ne signifie pas, pour autant, que les besoins ont tripl?. La flamb?e des prix des mati?res premi?res sur les march?s internationaux, la volont? des pays producteurs d?utiliser leurs produits agricoles comme parade ? la hausse du baril et la faiblesse du dollar ont favoris? cette saign?e de devises, et contraint les autorit?s publiques ? desserrer les cordons de la bourse pour ?viter des explosions sociales que n?ont pu ?viter d?autres pays. Cela n?occulte pas le fait que, ramen? ? un dollar et des prix constants, le volume des exportations a augment?. Il suffit, d?ailleurs, de faire un tour dans les march?s -l?gaux ou informels- pour s?en convaincre. A la mentalit? de rente qui a, des ann?es durant, b?n?fici? aux barons du ?syst?me?, le petit peuple a substitu? et d?velopp? une culture bas?e sur le syst?me ?D? et la d?brouille. Ce qui, en langage d?cod?, signifie que chaque opportunit? est exploit?e pour s?en mettre plein les poches. Pour ne pas rester sur le quai ? regarder filer le train de l?ind?pendance. Tous les m?canismes d?aides ? l?agriculture, ? la p?che, ? l?emploi, ? la construction, y compris la prime de scolarit?, ont fait l?objet de convoitises et de d?tournement. Les lois vot?es avec une platitude navrante, par des d?put?s non repr?sentatifs, sont viol?es avec une facilit? d?concertante. A moindre co?t. Ce qui a conduit les plus audacieux ? tenter des coups fumants en milliards; et d?autres, des receveurs de postes, des responsables d??uvres sociales et d??tablissements publics, ? faire de m?me, en se contentant de quelques centaines de millions. Les r?sultats n?ont pas tard? ? suivre: la sardine oscille entre 220 et 250 dinars, le poulet ? 290, l??uf ? 12 et la pomme de terre ? 60 dinars. Des prix qui mettent en dessous du seuil de la pauvret? les deux tiers de la population et une bonne partie des fonctionnaires en fait partie, en d?pit d?efforts colossaux des gouvernants. A ce rythme, et si les choses en restaient l? -Persistance de la crise financi?re et accentuation de la r?cession, donc un baril tr?s bas- l?Alg?rie va droit au mur. Le FMI, qui a quand m?me d?livr? quelques bons points de circonstance, a averti que ?l?exc?dent ext?rieur courant qui ?tait de 20% en 2008, pourrait se transformer en d?ficit de 3%, en 2009". L?avertissement est clair: il ne faut pas trop se regarder dans le miroir en se convaincant qu?on est les plus beaux parce que la crise nous a ?pargn?s. Mais mettre ? profit ce sursis qui nous ?vite, momentan?ment, la pression. La trag?die nationale n?a pas fini de d?voiler l??tendue des d?g?ts qu?elle a produits. Force est, cependant, de reconna?tre que le peuple n?a pas mis du sien pour aider ? r?tablir une situation catastrophique -parce qu?estimant qu?il a pay? le prix fort- pas plus que les responsables -?lus, commis et autres intervenants dans la cha?ne- qui donnent l?impression de g?rer une carri?re. L?Agriculture est un gros morceau dont les enjeux sont immenses: emplois, fixation des populations, ?quilibres r?gionaux et croissance hors hydrocarbures. Le plus important d?entre eux est la s?curit? alimentaire qui est la garante de l?ind?pendance politique et ?conomique, et le ciment de la stabilit? sociale.