CCVI?me nuit (Suite) -Madame, reprit le roi de Perse, vous ?tes la ma?tresse; faites ce qu?il vous plaira; je t?cherai de les recevoir avec tous les honneurs qu?ils m?ritent. Mais je voudrais bien savoir par quelle voie vous leur ferez savoir ce que vous d?sirez d?eux, et quand ils pourront arriver, afin que je donne ordre aux pr?paratifs pour leur r?ception et que j?aille moi-m?me au-devant d?eux. -Sire, repartit la reine Gulnare, il n?est pas besoin de ces c?r?monies; ils seront ici dans un moment, et Votre Majest? verra de quelle mani?re ils arriveront. Elle n?a qu?? entrer dans ce petit cabinet et regarder par la jalousie?. Quand le roi de Perse fut entr? dans le cabinet, la reine Gulnare se fit apporter une cassolette avec du feu, par une de ses femmes qu?elle renvoya, en lui disant de fermer la porte. Lorsqu?elle fut seule, elle prit un morceau de bois d?alo?s dans une bo?te. Elle le mit dans la cassolette; et, d?s qu?elle vit para?tre la fum?e, elle pronon?a des paroles inconnues au roi de Perse, qui observait avec grande attention tout ce qu?elle faisait; et elle n?avait pas encore achev?, que l?eau de la mer se troubla. Le cabinet o? ?tait le roi ?tait dispos? de mani?re qu?il s?en aper?ut au travers de la jalousie, en regardant du c?t? des fen?tres qui ?taient sur la mer. La mer enfin s?entrouvrit ? quelque distance; et aussit?t il s?en ?leva un jeune homme bien fait et de belle taille, avec la moustache de vert de mer. Une dame d?j? sur l??ge, mais d?un air majestueux, s?en ?leva de m?me un peu derri?re lui, avec cinq jeunes dames qui ne c?daient en rien ? la beaut? de la reine Gulnare. La reine Gulnare se pr?senta aussit?t ? une des fen?tres, et elle reconnut le roi son fr?re, la reine sa m?re et ses parentes, qui la reconnurent de m?me. La troupe s?avan?a comme port?e sur la surface de l?eau, sans marcher; et, quand ils furent tous sur le bord, ils s??lanc?rent l?g?rement, les uns apr?s les autres, sur la fen?tre o? la reine Gulnare avait paru et d?o? elle s??tait retir?e pour leur taire place. Le roi Salah, la reine sa m?re et ses parentes l?embrass?rent avec beaucoup de tendresse et les larmes aux yeux, ? mesure qu?ils entr?rent. Quand la reine Gulnare les eut re?us avec tout l?honneur possible et qu?elle leur eut fait prendre place sur le sofa, la reine sa m?re prit la parole: ?Ma fille, lui dit-elle, j?ai bien de la joie de vous revoir apr?s une si longue absence, et je suis s?re que votre fr?re et vos parentes n?en ont pas moins que moi. Votre ?loignement, sans que vous en ayez rien dit ? personne, nous a jet?s dans une affliction inexprimable, et nous ne pourrions vous dire combien nous en avons vers? de larmes. Nous ne savons autre chose du sujet qui peut vous avoir oblig?e de prendre un parti si surprenant que ce que votre fr?re nous a rapport? de l?entretien qu?il avait eu avec vous. Le conseil qu?il vous donna alors lui avait paru avantageux pour votre ?tablissement, dans l??tat o? vous ?tiez aussi bien que nous.