CCVIII?me nuit (Suite) Il mit pied ? terre assez loin de lui; apr?s qu?il eut attach? son cheval ? un arbre, il prit un grand d?tour et s?en approcha sans faire de bruit, si pr?s qu?il lui entendit prononcer ces paroles: ?Aimable princesse du royaume de Samandal, s??criait-il, on ne m?a fait sans doute qu?une faible ?bauche de votre incomparable beaut?. Je vous tiens encore plus belle, pr?f?rablement ? toutes les princesses du monde, que le soleil n?est beau pr?f?rablement ? la lune et ? tous les astres ensemble. J?irais d?s ce moment vous offrir mon c?ur, si je savais o? vous trouver; il vous appartient, et jamais princesse ne le poss?dera que vous?. Le roi Saleh n?en voulut pas entendre davantage; il s?avan?a, et en se faisant voir au roi Beder: ?A ce que je vois, mon neveu, lui dit-il, vous avez entendu ce que nous disions avant-hier de la princesse Giauhare, la reine votre m?re et moi. Ce n??tait pas notre intention, et nous avons cru que vous dormiez. -Mon cher oncle, reprit le roi Beder, je n?en ai pas perdu une parole et j?en ai ?prouv? l?effet que vous aviez pr?vu et que vous n?avez pu ?viter. Je vous avais retenu expr?s, dans le dessein de vous parler de mon amour avant votre d?part; mais la honte de vous faire un aveu de ma faiblesse, si c?en est une d?aimer une princesse si digne d??tre aim?e, m?a ferm? la bouche. Je vous supplie donc, par l?amiti? que vous avez pour un prince qui a l?honneur d??tre votre alli? de si pr?s, d?avoir le de moi et de ne pas attendre, ? me procurer la vue de la divine Giauhare, que vous ayez obtenu le consentement du roi son p?re pour notre mariage, ? moins que vous n?aimiez mieux que je meure d?amour pour elle avant de la voir?. Ce discours du roi de Perse embarrassa fort le roi Saleh, qui lui repr?senta combien il ?tait difficile qu?il lui donn?t la satisfaction qu?il demandait; qu?il ne pouvait le faire sans l?emmener avec lui; et, comme sa pr?sence ?tait n?cessaire dans son royaume, que tout ?tait ? craindre s?il s?en absentait; il le conjura de mod?rer sa passion jusqu?? ce qu?il e?t mis les choses en ?tat de pouvoir le contenter, en l?assurant qu?il y allait employer toute la diligence possible et qu?il viendrait lui en rendre compte dans peu de jours. Le roi de Perse n??couta pas ces raisons: ?Oncle cruel, repartit-il, je vois bien que vous ne m?aimez pas autant que je me l??tais persuad? et que vous aimez mieux que je meure que de m?accorder la premi?re pri?re que je vous ai faite de ma vie! -Je suis pr?t ? faire voir ? Votre Majest?, r?pliqua le roi Saleh, qu?il n?y a rien que je ne veuille faire pour vous obliger; mais je ne puis vous emmener avec moi, que vous n?en ayez parl? ? la reine votre m?re. Que dirait-elle de vous et de moi? Je le veux bien si elle y consent, et je joindrai mes pri?res aux v?tres. -Vous n?ignorez pas, reprit le roi de Perse, que la reine ma m?re ne voudra jamais que je l?abandonne, et cette excuse me fait mieux conna?tre la duret? que vous avez pour moi. Si vous m?aimez autant que vous voulez que je le croie, il faut que vous retourniez en votre royaume d?s ce moment et que vous m?emmeniez avec vous?.