CCX?me Nuit (Suite) Revenons au roi Saleh. Apr?s qu?il eut cherch? lui-m?me la princesse Giauhare et qu?il l?eut fait chercher par tout le palais sans la trouver, il fit enfermer le roi de Samandal dans son propre palais, sous bonne garde; et, quand il eut donn? les ordres n?cessaires pour le gouvernement du royaume en son absence, il vint rendre compte ? la reine sa m?re de l?action qu?il venait de faire. Il demanda o? ?tait le roi son neveu, en arrivant, et il apprit avec une grande surprise et beaucoup de chagrin qu?il avait disparu. ?On est venu nous apprendre, lui dit la reine, le grand danger o? vous ?tiez au palais du roi de Samandal; et, pendant que je donnais des ordres pour vous envoyer d?autres secours ou pour vous venger, il a disparu. Il faut qu?il ait ?t? ?pouvant? d?apprendre que vous ?tiez en danger et qu?il n?ait pas cru qu?il f?t en s?ret? avec nous?. Cette nouvelle affligea extr?mement le roi Saleh, qui se repentit alors de la trop grande facilit? qu?il avait eue de condescendre au d?sir du roi Beder, sans en parler auparavant ? la reine Gulnare. Il envoya apr?s lui de tous les c?t?s; mais, quelques diligences qu?il p?t faire, on ne lui en apporta aucune nouvelle; et, au lieu de la joie qu?il s??tait d?j? faite d?avoir si fort avanc? un mariage qu?il regardait comme son ouvrage, la douleur qu?il eut de cet incident, auquel il ne s?attendait pas, en fut plus mortifiante. En attendant qu?il appr?t de ses nouvelles, bonnes ou mauvaises, il laissa son royaume sous l?administration de la reine et alla gouverner celui du roi de Samandal, qu?il continua de faire garder avec beaucoup de vigilance, quoique avec tous les ?gards dus ? son caract?re. Le m?me jour que le roi Saleh ?tait parti pour retourner au royaume de Samandal, la reine Gulnare, m?re du roi Beder, arriva chez la reine sa m?re. Cette princesse ne s??tait pas ?tonn?e de n?avoir pas vu revenir le roi son fils le jour de son d?part. Elle s??tait imagin? que l?ardeur de la chasse, comme cela lui ?tait arriv? quelquefois, l?avait emport? plus loin qu?il ne se l??tait propos?. Mais, quand elle vit qu?il n??tait pas revenu le lendemain ni le jour d?apr?s, elle en fut dans une alarme dont il ?tait ais? de juger par la tendresse qu?elle avait pour lui. Cette alarme fut beaucoup plus grande quand elle eut appris, des officiers qui l?avaient accompagn? et qui avaient ?t? oblig?s de revenir apr?s l?avoir cherch? longtemps, lui et le roi Saleh, son oncle, sans les avoir trouv?s, qu?il fallait qu?il leur f?t arriv? quelque chose de f?cheux ou qu?ils tussent ensemble en quelque endroit qu?ils ne pouvaient deviner; qu?ils avaient bien trouv? leurs chevaux, mais que, pour leurs personnes, us n?en avaient eu aucune nouvelle, quelques diligences qu?ils eussent faites pour en apprendre. Sur ce rapport, elle avait pris le parti de dissimuler et de cacher son affliction, et elle les avait charg?s de retourner sur leurs pas et de faire encore leurs diligences. Pendant ce temps-l?, elle avait pris son parti; et, sans rien dire ? personne et apr?s avoir dit ? ses femmes qu?elle voulait ?tre seule, elle s??tait plong?e dans la mer, pour s??claircir sur le soup?on qu?elle avait que le roi Saleh pouvait avoir emmen? le roi de Perse avec lui.