?Sans vouloir provoquer la col?re des historiens, nous pouvons dire que l?apparition de l?Islam constitue la limite temporelle entre un monde ancien qui souffrait les affres de la mort et un monde nouveau qui retrouve la vie. Nous pouvons d?signer par le monde de l?obscurantisme tout le monde ancien, qu?il soit oriental ou occidental. Et nous pouvons d?signer par le monde de l?islamit? tout le monde nouveau, qu?il soit chr?tien ou muhammadien. Ce partage est notamment justifi? par le fait que Dieu - Exalt? soit-Il - a envoy? son Messager Muohamed pour guider l?humanit? enti?re. Auparavant, Dieu envoyait ses ?missaires aux cit?s qui s??taient corrompues et aux peuples qui s??taient ?gar?s. Mais lorsque l?ignorance a envelopp? le monde et que l??garement s?est r?pandu sur terre, la Sagesse du Cr?ateur a voulu que le message destin? ? cette humanit? soit g?n?ral et que sa pr?dication soit globale. Cette l?gislation g?n?rale devait tout naturellement ?tre parfaite, ne souffrant d?aucun manque, apte ? ?tre r?nov?e sans subir les vicissitudes des si?cles, valable pour tout humain et dans tous les horizons. Cette l?gislation se devait de contenir les rem?des ? tous les maux, d?offrir une voie ? tous les peuples et de donner la solution ? tous les probl?mes. Telles sont les caract?ristiques distinguant la l?gislation islamique, apr?s laquelle toute r?v?lation a cess? et dont le Proph?te fut le Sceau des Messagers?. L??re de l?obscurantisme mondial qui a pr?c?d? l??re de l?islamit? mondiale ?tait plong?e dans la plus ?ternelle, la plus t?n?breuse et la plus angoissante des nuits. D??poque en ?poque, ce ciel assombri ?tait n?anmoins illumin? par des ?clats de raison humaine, ? Th?bes ou ? Ath?nes, ou par une lueur de r?v?lation divine au Sina? ou ? J?rusalem. H?las, la lumi?re de la raison fut souffl?e par la bestialit? des Romains et la voix de la r?v?lation fut ?touff?e par le mat?rialisme des Juifs. Les t?n?bres recouvrirent une nouvelle fois tous les horizons et l??garement se r?pandit sur toute la terre. Ainsi allait la caravane de la vie, errant dans l?immensit? de l?inconnu, men?e de l?Est par les Perses et conduite vers l?Ouest par les Byzantins. Byzance n??tait rien d?autre, au sixi?me et septi?me si?cles chr?tiens, qu?un Empire d?liquescent, rong? par l?outrance du faste, le luxe de la vie, la corruption des principes et les divergences doctrinales. La religion elle-m?me ne sut en r?chapper: c??tait en effet ? cette ?poque qu?un conflit ?clata ? Byzance au sujet de la nature du Christ et que fut soutenue une rude pol?mique sur les attributs de cette nature. A Rome, la vie profane ?tait plong?e dans la concupiscence des instincts et les errements de l??me, ce qui eut pour cons?quence de r?duire notablement le pouvoir de la raison et de rabaisser l?autorit? de l?esprit. Ce fut sur une religion aussi affadie et une vie profane aussi licencieuse que s??rigea sur les deux moiti?s de l?Empire conqu?rant un syst?me politique aussi impudent que d?bauch?: il accabla les populations par de multiples imp?ts, il r?pandit la corruption parmi les membres de la classe dirigeante, il souilla la soci?t? par d?innombrables vices, il inculqua aux hommes le sentiment de l?humiliation, de sorte qu?ils finirent par glorifier les chefs, sacraliser les seigneurs, diviniser les Empereurs, tant et si bien que le gouvernant et le gouvern?, l?adorant et l?ador?, furent pr?cipit?s dans un gouffre infini. Les Perses ne faisaient pas meilleure figure: ils n??taient ? la m?me ?poque qu?un Empire ruin? et une nation ?miett?e. Comme les Byzantins, ils eurent leur lot de d?composition des principes, de putridit? des m?urs, de dictature des instincts, de disparit? des castes, de tyrannie des rois et de fausset? de la religion. La Perse est notamment connue pour l?apparition violente en son sein de doctrines bancales ainsi que pour sa propension ? la perversion. Entre le symbolisme de Zoroastre qui a pos? les bases de l?imb?cile religion mage et le nihilisme de Man?s qui a interdit le mariage pour acc?l?rer l?extinction de l?esp?ce humaine, en passant par l?existentialisme de Mazdak qui consid?re que les hommes doivent mettre en commun leurs biens et partager leurs femmes, nous entrevoyons ici une situation sociale putride et un syst?me politique maladif au sein desquels aucun homme libre ne saurait vivre, et sur la base desquels aucune autorit? ne pourrait persister.