CCXI?me Nuit (Suite) Quand ce prince eut achev? par le r?cit du bonheur qu?il avait eu de trouver une reine qui avait rompu cet enchantement et par des t?moignages de la peur qu?il avait de retomber dans un plus grand malheur, le vieillard, qui voulut le rassurer: ?Quoique ce que je vous ai dit de la reine magicienne et de sa m?chancet?, lui dit-il, soit v?ritable, cela ne doit pas n?anmoins vous donner la grande inqui?tude o? je vois que vous en ?tes. Je suis aim? de toute la ville, je ne suis pas m?me inconnu ? la reine, et je puis dire qu?elle a beaucoup de consid?ration pour moi. Ainsi, c?est un grand bonheur pour vous que votre bonne fortune vous ait adress? ? moi plut?t qu?? un autre. Vous ?tes en s?ret? dans ma maison, o? je vous conseille de demeurer si vous l?agr?ez ainsi. Pourvu que vous ne vous en ?cartiez pas, je vous garantis qu?il ne vous arrivera rien qui puisse vous donner sujet de vous plaindre de ma mauvaise foi. De la sorte, il n?est pas besoin que vous vous contraigniez en quoi que ce soit?. Le roi Beder remercia le vieillard de l?hospitalit? qu?il exer?ait envers lui et de la protection qu?il lui donnait avec tant de bonne volont?. Il s?assit ? l?entr?e de la boutique; et il n?y parut pas plus t?t que sa jeunesse et sa bonne mine attir?rent les yeux de tous les passants. Plusieurs s?arr?t?rent m?me et firent compliment au vieillard sur ce qu?il avait acquis un esclave si bien fait, comme ils se l?imaginaient; et ils en paraissaient d?autant plus surpris qu?ils ne pouvaient comprendre qu?un si beau jeune homme e?t ?chapp? ? la diligence de la reine. ?Ne croyez pas que ce soit un esclave, leur disait le vieillard; vous savez que je ne suis ni assez riche, ni d?une condition assez ?lev?e pour en avoir de cette beaut?. C?est mon neveu, fils d?un fr?re que j?avais, qui est mort; et, comme je n?ai pas d?enfants, je l?ai fait venir pour me tenir compagnie?. Ils se r?jouirent avec lui de la satisfaction qu?il devait avoir de son arriv?e; mais en m?me temps ils ne purent s?emp?cher de lui t?moigner la crainte qu?ils avaient que la reine ne le lui enlev?t. ?Vous la connaissez, lui disaient-ils, et vous ne devez pas ignorer le danger auquel vous vous ?tes expos?, apr?s tous les exemples que vous en avez. Quelle douleur serait la v?tre, si elle lui faisait le m?me traitement qu?? tant d?autres que nous savons! -Je vous suis bien oblig?, reprenait le vieillard, de la bonne amiti? que vous me t?moignez et de la part que vous prenez ? mes int?r?ts, et je vous en remercie avec toute la reconnaissance possible. Mais je me garderai bien de penser m?me que la reine voul?t me faire le moindre d?plaisir, apr?s toutes les bont?s qu?elle ne cesse d?avoir pour moi. Au cas qu?elle en apprenne quelque chose et qu?elle m?en parle, j?esp?re qu?elle ne songera pas seulement ? lui, d?s que je lui aurai marqu? qu?il est mon neveu?.