CCXVI?me Nuit (Suite) D?s le m?me jour, Zob?ide fit venir l?architecte du palais et des autres maisons du calife; et sur les ordres qu?elle lui donna, le mausol?e fut achev? en tr?s peu de temps. Des princesses aussi puissantes que l??tait l??pouse d?un prince qui commandait du levant au couchant sont toujours ob?ies ? point nomm? dans l?ex?cution de leurs volont?s. Elle eut aussi bient?t pris le deuil avec toute sa cour, ce lui fut cause que la nouvelle de la mort de Tourmente se r?pandit dans toute la ville. Ganem fut des derniers ? l?apprendre; car, comme je l?ai d?j? dit, il ne sortait presque point. Il l?apprit pourtant un jour. ?Madame, dit-il ? la belle favorite du calife, on vous croit morte dans Bagdad, et je ne doute pas que Zob?ide elle-m?me n?en soit bien persuad?e. Je b?nis le ciel d??tre la cause et l?heureux t?moin que vous vivez. Et pl?t ? Dieu que, profitant de ce faux bruit, vous voulussiez lier votre sort au mien et venir avec moi loin d?ici r?gner sur mon c?ur? Mais o? m?emporte un transport trop doux? Je ne songe pas que vous ?tes n?e pour faire le bonheur du plus puissant prince de la terre et que le seul Haroun-al-Raschid est digne de vous. Quand m?me vous seriez capable de me le sacrifier; quand vous voudriez me suivre, devrais-je y consentir? Non, je dois me souvenir sans cesse que ?ce qui appartient au ma?tre est d?fendu ? l?esclave?. L?aimable Tourmente, quoique sensible aux tendres mouvements qu?il faisait para?tre, gagnait sur elle de n?y pas r?pondre. ?Seigneur, lui dit-elle, nous ne pouvons emp?cher Zob?ide de triompher. Je suis peu surprise de l?artifice dont elle se sert pour couvrir son crime; mais laissons-la faire; je me flatte que ce triomphe sera bient?t suivi de douleur. Le calife reviendra et nous trouverons moyen de l?informer secr?tement de tout ce qui s?est pass?. Cependant, prenons plus de pr?cautions que jamais pour qu?elle ne puisse apprendre que je vis: je vous en ai d?j? dit les cons?quences.? Au bout de trois mois, le calife revint ? Bagdad, glorieux et vainqueur de tous ses ennemis. Impatient de revoir Tourmente et de lui faire hommage de ses nouveaux lauriers, il entre dans son palais. Il est ?tonn? de voir les officiers qu?il y avait laiss?s tous habill?s de deuil. Il en fr?mit sans savoir pourquoi; et son ?motion redoubla lorsqu?en arrivant ? l?appartement de Zob?ide, il aper?ut cette princesse qui venait au devant de lui en deuil, aussi bien que toutes les femmes de sa suite. Il lui demanda le sujet de ce deuil avec beaucoup d?agitation. ?Commandeur des croyants, r?pondit Zob?ide, je l?ai pris pour Tourmente, votre esclave, qui est morte si promptement qu?il n?a pas ?t? possible d?apporter aucun rem?de ? son mal.? Elle voulut poursuivre, mais le calife ne lui en donna pas le temps. Il fut si saisi de cette nouvelle qu?il en poussa un grand cri: ensuite il s??vanouit entre les bras de Giafar, son vizir, dont il ?tait accompagn?. Il revint pourtant bient?t de sa faiblesse; et, d?une voix qui marquait son extr?me douleur, il demanda o? sa ch?re Tourmente avait ?t? enterr?e. ?Seigneur, lui dit Zob?ide, j?ai pris soin moi-m?me de ses fun?railles et je n?ai rien ?pargn? pour les rendre superbes. J?ai fait b?tir un mausol?e de marbre sur le lieu de sa s?pulture. Je vais vous y conduire si vous le souhaitez.?