CCXX?me Nuit (Suite) Apr?s son compliment, le calife le fit approcher et lui dit: ?Je suis bien aise de te voir et d?apprendre de toi-m?me o? tu as trouv? ma favorite et tout ce que tu as fait pour elle.? Ganem ob?it, et parut si sinc?re, que le calife fut convaincu de sa sinc?rit?. Ce prince lui fit donner une robe fort riche, selon la coutume observ?e envers ceux ? qui l?on donnait audience. Ensuite, il lui dit: ?Ganem, je veux que tu demeures dans ma cour. -Commandeur des croyants, r?pondit le jeune marchand, l?esclave n?a point d?autre volont? que celle de son ma?tre, de qui d?pendent sa vie et son bien.? Le calife fut tr?s satisfait de la r?ponse de Ganem et lui donna une grosse pension. Ensuite, ce prince descendit du tr?ne et, se faisant suivre par Ganem et par le grand vizir seulement, il entra dans son appartement. Comme il ne doutait pas que Tourmente n?y f?t avec la m?re et la fille d?Abou A?bou, il ordonna qu?on les lui amen?t. Elles se prostern?rent devant lui. Il les fit relever; et il trouva Force des c?urs si belle, qu?apr?s l?avoir consid?r?e avec attention: ?J?ai tant de douleur, lui dit-il, d?avoir trait? si indignement vos charmes, que je leur dois une r?paration qui surpasse l?offense que je leur ai faite. Je vous ?pouse; et, par l?, je punirai Zob?ide, qui deviendra la premi?re cause de votre bonheur, comme elle l?est de vos malheurs pass?s. Ce n?est pas tout, ajouta-t-il en se tournant vers la m?re de Ganem; madame, vous ?tes encore jeune, et je crois que vous ne d?daignerez pas l?alliance de mon grand vizir: je vous donne ? Giafar; et vous, Tourmente, ? Ganem. Que l?on fasse venir un cadi et des t?moins, et que trois contrats soient dress?s et sign?s tout ? l?heure.? Ganem voulut repr?senter au calife que sa s?ur serait trop honor?e d??tre seulement au nombre de ses favorites; mais ce prince voulut ?pouser Force des c?urs. Il trouva cette histoire si extraordinaire, qu?il fit ordonner ? un fameux historien de la mettre par ?crit avec toutes ses circonstances. Elle fut ensuite d?pos?e dans son tr?sor, d?o? plusieurs copies, tir?es sur cet original, l?ont rendue publique. Apr?s que Sch?h?razade eut achev? l?histoire de Ganem, fils d?Abou A?bou, le sultan des Indes t?moigna qu?elle lui avait fait plaisir. ?Sire, dit alors la sultane, puisque cette histoire vous a diverti, je supplie tr?s humblement Votre Majest? de vouloir bien entendre celle du prince Zeyn Alasnam et du roi des G?nies; vous n?en serez pas moins content.? Schahriar y consentit; mais comme le jour commen?ait ? para?tre, on la remit ? la nuit suivante.