Plus qu'inespéré, l'accord conclu hier à l'ONU, sur proposition d'un groupe dont l'Algérie assure la présidence tournante, est une victoire et pour notre diplomatie et pour la paix dans le monde. L'Algérie, qui défend le droit des Etats à disposer du nucléaire civil a prouvé qu'elle était, aussi, un acteur international en faveur du désarmement nucléaire. En effet, la Conférence du désarmement de l'ONU, profitant du nouveau climat instauré par le président américain Barack Obama, est sortie, hier, de 12 ans de léthargie en adoptant pour la première fois depuis 1996 un programme de négociations. L'accord d'hier a «sauvé» la Conférence du désarmement, a estimé l'ambassadeur d'Algérie, Idriss Jazaïry, qui assure la présidence tournante de ce forum multilatéral. «C'est un résultat fantastique», a commenté de son côté l'ambassadeur britannique John Duncan. «L'arrivée d'Obama a fait bouger les lignes», a commenté un ambassadeur européen qui a requis l'anonymat. «Le ralliement des Etats-Unis à un compromis (sur un programme de travail) a permis de vaincre les résistances», a-t-il expliqué. «Nous y sommes presque», a lancé mardi, devant la Conférence, le chargé d'affaires américain, Garold Larson. «Le Pakistan, l'Inde, l'Iran et la Corée du Nord se réfugiaient jusqu'ici derrière l'intransigeance américaine et se sont retrouvés à découvert», lorsque Washington a annoncé son ralliement au projet de compromis présenté par l'Algérie, le Vietnam, le Zimbabwe, l'Argentine, l'Australie et l'Autriche. Dès le lendemain du pas en avant américain, l'Irlande, l'Italie, l'Inde, la Bulgarie, l'Irak, le Belarus et le Mexique annonçaient également leur soutien à ce texte. Tandis que Russes et Américains doivent se retrouver ce lundi à Genève pour trois jours de pourparlers bilatéraux sur la réduction de leurs arsenaux nucléaires, la Conférence du désarmement a adopté un programme de négociations sur les matières fissiles, l'armement dans l'espace et le désarmement nucléaire. Même Pyongyang s'est rallié au consensus en dépit du regain de tension après l'essai nucléaire nord-coréen de lundi dernier. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, avait appelé, il y a dix jours à Genève, les 65 Etats membres de la Conférence -dont toutes les puissances nucléaires- à profiter du «nouvel élan» créé par l'ouverture de négociations russo-américaines sur le désarmement nucléaire. La Conférence de désarmement, soumise à la règle de l'unanimité, n'a plus rien produit depuis 1996 La proposition, adoptée sans changement, permet d'entamer des conversations sur ce qui est une priorité de Washington: un traité vérifiable interdisant la production de matière fissile. La question d'un traité prohibant la production de matière fissile est sur la table depuis 1995 mais les 65 Etats membres de la Conférence n'étaient pas parvenus jusqu'à présent à se mettre d'accord sur un ordre du jour. Le projet de compromis propose également de former des groupes de travail, sur la demande de la Russie et de la Chine, sur un traité d'interdiction de la militarisation de l'espace extra-atmosphérique, ainsi que sur les conversations concernant un désarmement nucléaire total, demandés entre autres par des Etats qui se sont dotés récemment de l'arme nucléaire comme l'Inde et le Pakistan. La Conférence du désarmement reprend ses travaux de fond en comble, mais il faut savoir également qu'il s'agit de négociations qui peuvent prendre des années.