La vente des frégates, le dossier lié à la repentance et celui de l'émigration semblent être les raisons principales qui ont poussé certains nostalgiques de l'Algérie française, proches des milieux politiques, à enclencher un tapage politico-médiatique en exhibant l'affaire des moines de Tibhirine, et ce, à quelques mois de la visite du président Bouteflika à Paris. Avec comme point culminant celui d'amener Alger à accepter l'offre française pour la vente des frégates et la conclusion de certains contrats d'armement militaire. La visite de Nicolas Sarkozy en Algérie, en novembre 2007, a ouvert la voie à un énorme contrat d'armement celui de l'achat par Alger de quatre exemplaires de la frégate ultramoderne Fremm pour 500 millions d'euros la pièce. Or, l'entrée dans la course des Russes, des Allemands et des Anglais a complètement faussé la donne sur ce type d'armement. Avant, Alger était intéressée par plusieurs autres achats en France dont celui de deux exemplaires du bâtiment de projection et de commandement de type Mistral. Les discussions ont porté sur l'acquisition, clé en main, de deux infrastructures navales considérables: une base navale complète et un chantier de constructions navales. Les Russes ont déjà annoncé qu'ils avaient remporté celui des frégates, comme l'indiquait il y a peu la revue russe Kommersant. Mais ni les Britanniques ni les Allemands ni les Français n'ont renoncé. Les Algériens veulent un contrat d'Etat à Etat. Pour les BPC de type Mistral, il n'est plus tout à fait certain que les Algériens soient toujours intéressés. Quant à la base navale, qui concernerait une extension de Mers El-Kébir, les contours du projet sont encore vagues a rapporté dernièrement l'hebdomadaire Le Point. Les Algériens exigent, selon cet hebdomadaire, que ce soit la marine nationale qui forme leurs équipages alors que Paris a monté une structure spécialisée, la Navfco, branche spécialisée du groupe para-étatique Défense Conseil International(DCI). Selon des sources militaires, l'Algérie veut se doter rapidement d'une marine moderne, tout en se rapprochant de l'Otan. Des sources bien informées sur ce dossier semblent persuadées que les Algériens ont déjà pris la décision de se fournir auprès de... l'Allemagne. Trois autres pays sont également intéressés par ce contrat estimé à plusieurs centaines de millions d'euros. Et la Russie pourrait participer à l'appel d'offres international qui sera lancé cette année pour l'acquisition de quatre frégates. Seul pays maghrébin à disposer de sous-marins, l'Algérie ne dispose pas encore de frégates. Or, les Français sont distancés par tous leurs concurrents. Ce qui explique cette montée en puissance de certains milieux français proches de l'Elysée et la levée de boucliers des officiels français. L'autre dossier qui envenime les relations est celui de la repentance que Paris cherche par tous les moyens à faire évacuer de la discussion. Depuis plusieurs années, l'Algérie a inscrit ce point particulièrement sensible comme l'une des priorités dans le dialogue. Enfin, le dossier de l'émigration est, lui aussi, au centre des intérêts des deux pays. Si Alger compte régler le problème de visa de ses ressortissants, sans pour autant mettre dans la gêne son partenaire français, Paris semble traîner la patte pour accélérer le mouvement vers le haut. Le nombre de visas accordés aux Algériens n'a pratiquement pas augmenté malgré les déclarations de bonnes intentions des officiels français.