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Abdelhak Layada ex-membre fondateur du groupe islamiste armée : «S'ils veulent mon témoignage sur cette affaire, je suis prêt à apporter des preuves» Assassinat des moines de Tibhirine
Le fondateur du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada, aujourd'hui en liberté, est formel au sujet des auteurs de l'assassinat des moines de Tibhirine en 1996. Dans une déclaration faite hier au Temps d'Algérie, il persiste et signe en affirmant que «le GIA est le seul responsable de cette affaire et que l'Armée nationale populaire n'est concernée ni de près ni de loin». Il incrimine en premier lieu «les autorités françaises qui n'ont pas respecté les négociations fixées par les ravisseurs. Ce qui avait conduit à leur exécution». S'agissant des raisons du kidnapping des sept moines, il affirme que les éléments du GIA voulaient négocier sa libération et celle d'autres détenus de son mouvement. «Mais les négociations entamées à l'époque avec l'ambassade de France à Alger, particulièrement avec un général dépêché par Paris, n'ont pas abouti. Il est clair que la responsabilité de la mort des moines de Tibhirine doit être assumée par les autorités françaises. Cette situation a été vécue récemment avec les tentatives de libération de l'otage Michel Germaneau. Le raid mené par l'armée française contre les terroristes a poussé à l'exécution de cet otage. C'est le même scénario qui s'est produit lors de l'affaire des moines de Médéa, tuées en représailles aux agissements des autorités françaises», tient à expliquer l'ancien chef repenti. Notre interlocuteur est formel : «L'armée algérienne n'a pas tué les moines et Paris tente vainement d'incriminer les militaires algériens dans cette affaire qui date de 14 ans.» «Pour moi, c'est une affaire close. Il n'y a rien de particulier dans ce dossier. J'ai déjà évoqué cette affaire aux médias. Je me demande que va juger le tribunal français ? Il n'existe aucune preuve de l'implication de l'armée algérienne. Si nous étions vraiment souverains, nous devrions, nous les Algériens, les traduire en justice étant donné l'accusation grave qu'ils portent à l'encontre de notre armée et à l'image de l'Algérie, alors que l'affaire est claire. L'Etat algérien a le droit de déposer plainte contre l'Etat français pour des accusations graves sans preuves. Et l'Etat français a interféré dans des affaires vraiment internes», soutient l'ex-dirigeant du GIA, avant de critiquer la position de la France sur les dossiers des bavures militaires. «Pourquoi on évite de parler des bavures commises par l'Otan et l'armée américaine dans les régions d'Afghanistan et du Pakistan ? Ces affaires n'ont jamais inquiété les tribunaux de leurs pays.» Pour Layada, «les auteurs de l'assassinat des moines de Tibhirine sont connus et les autorités françaises étaient au courant. Il n'y a absolument aucune nouveauté et de preuves palpables et tangibles sur la supposée attaque algérienne. Ils ne peuvent pas juger une telle affaire sur la base de simples déclarations et de faux témoignages d'un général français». A notre question sur la médiatisation accordée par les médias publics français et à la réalisation d'un film de fiction sur ce dossier, l'ex-fondateur du GIA a estimé que «le président français est en panne politiquement et il n'a pas trouvé quoi faire actuellement que de s'attaquer aux immigrés, aux femmes portant la burqa et à l'Algérie». Il se trouve aussi, selon lui, que des intérêts économiques et matériels sont en jeu. «La France a perdu beaucoup de marchés en Algérie. Pour faire la pression sur le gouvernement, il déterre des vieux dossiers de terrorisme. C'est ainsi qu'ils règlent leurs comptes», explique-t-il, considérant que le tapage médiatique n'apportera pas grand-chose aux relations algéro-françaises. «Le président Sarkozy a perdu la raison et tente avec tous les moyens possibles de déverser sa haine sur l'Algérie et son peuple. Son niveau politique est très bas. Son but est de faire la politique par différentes méthodes», observe-t-il. «S'ils veulent mon témoignage sur cette affaire, je suis prêt à apporter des preuves. Je sais dans quelles conditions ont été exécutées les moines», confie-t-il, sans vouloir donner plus de détails et de précisions. «Certes, au moment des faits, j'étais en prison. Mais cela ne m'a pas empêché d'avoir toutes les informations sur ce qui se passait à l'extérieur. Je savais aussi que le ministre Jean Pierre Chevènement avait visité à l'époque la prison de Serkadji de Bab El Oued pour un motif que je ne veux pas évoquer dans cette déclaration. Les juges français sont en train de perdre leur temps dans cette affaire des moines de Tibhirine. Ils devraient plutôt s'intéresser à l'affaire de détournement de l'Airbus d'Air France». Il s'agit d'un dossier qui remonte au 24 décembre 1994. L'Airbus d'Air France a été détourné par «un commando terroriste avec à son bord 272 passagers otages». Beaucoup de questions restent posées autour de cette affaire.