Autre temps autres mœurs. C'est ce que doivent se dire les dockers du port d'Alger en constatant que la société émiratie, chargée de la gestion des ports algériens, a fait appel -au pied levé- à des travailleurs pakistanais du port de Djendjen à Jijel et à des Indiens venus de Delhi pour assurer la continuité du trafic et ne pas bloquer le port d'Alger qui se trouve aujourd'hui au bord de l'étouffement, à cause de l'insuffisance de ses structures. Si le trafic se poursuit normalement, en revanche, les perspectives ne sont pas du tout bonnes pour les soixante-dix neuf dockers qui ont fait l'objet d'une mesure de licenciement depuis 28 jours. En effet, ils ne sont pas sûrs de reprendre leur travail. Pour comprendre leur situation, un retour au passé s'impose. Il y a un peu moins d'un mois, ces dockers, «sans crier gare et au mépris de la loi», avaient pris la décision de débrayer. Selon eux, leur action était surtout destinée à attirer l'attention des responsables de «Dubaï ports» sur les conditions de travail qualifiées d'«esclavagistes». Sauf que ces derniers, au lieu d'écouter les doléances de ces dockers, ont pris la mesure extrême, c'est-à-dire le licenciement. Celui-ci est qualifié d'«abusif» par ces dockers qui se trouvent actuellement dans une situation d'impasse dans la mesure où aucune solution ne pointe à l'horizon pour le moment. «On vient chaque matin, mais on ne nous laisse pas travailler», explique un des dockers qui fait part de son appréhension. Le ramadhan approche, la rentrée sociale aussi. Deux rendez-vous redoutés par tous les pères de famille. Il faut dire que les initiatives de la part de la Coordination du port n'ont pas manqué. Cette dernière a tenté d'aplanir les différends avec la direction de «Dubai ports». Elle a même annulé une demi-journée de protestation qui devait avoir lieu lundi matin. Un signal de bonne volonté de sa part envoyé aux responsables de la société émiratie qui restent pour le moment de marbre. Et face à cette situation, il reste l'ultime solution, à savoir le recours au patron de l'UGTA. Dans son entourage, on se contente de dire que la situation est «suivie de près et avec beaucoup de préoccupation». Quant à une éventuelle intervention, on reste encore évasif.