Combien sont-ils à accorder le pardon à leur progéniture, même après avoir été maltraités par cette dernière? Personne ne pourra le dire… Les parents de D.A., blessés dans leur amour de père et de mère par D.A. qui avait osé lever la main sur eux se sont empressés à saisir les services de sécurité, déposant une plainte contre ce fils qu'ils chérissent pourtant. A tel point d'ailleurs qu'ils en assurèrent la défense devant la cour d'appel après qu'un appel eut été interjeté par la défense de ce dernier. D.A. avait été condamné en première instance à la peine de cinq ans de prison ferme par le tribunal d'Oran. Appelé devant le président de la cour d'appel, D.A., un gaillard d'une trentaine d'années, le visage carré, ne soufflera mot, dans un premier temps, quand ce même président lui demandera les explications d'un tel comportement. Insistant, le magistrat réussira à lui tire quelques brides de mots. «Je ne savais ce que je faisais, madame le juge», dira enfin le mis en cause qui devait répondre devant cette cour de violences contre ascendant. Ne pouvant supporter cette réponse évasive, la présidente lui lancera dans un ton emprunt d'une certain colère : «On n'a même pas le droit d'élever le ton à l'encontre de ses parents, et vous, vous avez osé les frapper !... C'est un vrai crime que vous avez commis à l'encontre des êtres les plus chers au monde…» Cités, les parents, des septuagénaires, viendront à la barre, se soutenant l'un l'autre… D'emblée, ils déclareront à la cour, les larmes aux yeux, implorant tant ils craignaient que leur fils soit lourdement sanctionné : «Madame la juge, nous retirons notre plainte et pardonnons à notre fils son comportement même s'il fut indigne»… Interloqué, le magistrat de l'audience se retournera à nouveau vers D.A. «Voyez de vous même quelle est l'attitude vis-à-vis de vous… S'ils ont été sévères, jamais des parents ne pourront voir leur enfant dans l'embarras». Interrogés encore une fois sur les causes qui ont poussé ce fils à faire acte de violence à leur encontre, les parents expliqueront, le plus simplement du monde, qu'il se trouvait sous l'emprise des stupéfiants… A cette réponse, la juge ne saura quoi dire, et lancera simplement à D.A. qu'il doit implorer le pardon de ses parents nuits et jours… Au moment où le représentant du ministère public allait prononcer sa peine, les deux vieux parents lui demanderont une fois de plus d'être indulgent envers leur fils, «On est sûr qu'il ne recommencera pas». En prenant la parole, ce procureur mettra le point sur la grandeur d'âme des parents. Tout en revenant sur ce que l'Islam recommande à ce sujet. Il terminera son exposé en requérant la peine de trois ans de prison ferme. La défense plaidera les circonstances atténuantes. Au terme des délibérations, la peine requise est confirmée.