Le modeste taux de réussite et les notes médiocres obtenues aux épreuves du bac 2009, par les élèves issus des communes d'Aghlal et d'Aoubellil, respectivement à 15 et 27km de leur chef-lieu de daïra Aïn Kihel, ont amené les élus et les parents d'élèves à méditer sur ces résultats et à réclamer l'inscription d'un lycée pour les enfants de ces deux localités. Selon nos interlocuteurs qui se sont émus de cet échec, le premier facteur responsable de ce risque de déperdition scolaire n'est autre que l'absence d'un lycée dans ces communes limitant la wilaya dans sa partie sud. «Cette absence oblige les élèves du secondaire à rejoindre les établissements où ils sont inscrits invariablement, soit à Aïn Témouchent, soit à Aïn Kihel, en fonction des places disponibles. Cette contrainte les fait lever chaque jour très tôt, pour ne rentrer que tard en fin de journée», nous dira H. Abed. «Au bout du compte, reprend son compagnon B. Mohamed, ils sont recrus de fatigue, parce que tous ces allers-retours impactent négativement le temps qu'ils devraient consacrer d'une part à la récupération et d'autre part à la révision de leurs cours et à leurs devoirs du soir. Comme par ailleurs, les parents sont logés à la même enseigne, ils ne peuvent suivre de près le cursus de leurs enfants», a déploré ce dernier. Aussi, ne faut-il pas s'étonner de la médiocrité du taux de leur réussite au dernier bac. C'est d'ailleurs l'avis de tous les citoyens interrogés dans ces deux communes restées trop longtemps isolées. Du côté des éducateurs, B.M. la cinquantaine quelque peu émoussée et enseignant de son état, reconnaît: «Les lycéens d'Aoubellil parcourent près de 30km en bus pour rejoindre leur établissement et sont tributaires des horaires de passage des transporteurs. Du coup, il leur arrive souvent de rater des cours, pour un simple retard de quelques minutes, surtout s'ils ont affaire à un enseignant peu compréhensif. Or, rien n'est plus frustrant pour un élève de rater un cours et d'être obligé de ramer pour rattraper son retard. D'où le découragement que l'on note chez la plupart de ces élèves et l'éloignement aidant, leurs parents hésitent à se rendre jusqu'aux lycées, pour s'enquérir de la situation scolaire de leur enfants», constate cet enseignant. Le plus curieux est que dans un parfait mouvement d'ensemble, parent et élèves, refusent de souscrire au régime de l'internat, quand on sait que durant les années 70 et 80, les élèves d'Aoubellil et d'Aghlal suivaient sans restriction leurs études dans les cycles moyens et secondaires sous ce régime. «Preuve en est que les résultats obtenus étaient bien meilleurs…», ajoute notre interlocuteur. La régression «positive» qui s'est instaurée dans certains esprits rétrogrades, a fait que la génération actuelle honnit le régime de l'internat et avec elle, les parents sourcilleux qui interdisent à leurs enfants, principalement les filles, d'adhérer à cette solution et préfèrent les voir poursuivre localement leurs études secondaires à Aghlal, quitte à drainer les élèves d'Aoubellil, localité distante de 12km. Cependant, si l'on se fie aux statistiques relevées au niveau de la direction de l'Education de la wilaya d'Aïn Témouchent, on s'aperçoit que la population scolaire fréquentant le cycle secondaire, tous niveaux confondus et répartis entre les lycées d'Aïn Témouchent et d'Aïn Kihel, ne dépasse pas en réalité les 160 élèves issus des communes d'Aghlal et d'Aoubellil. Ce constat incite le directeur de l'Education de la wilaya, M. Charahabyl Aïssa, à en conclure: «Ce nombre s'avère très insuffisant, car il faut au moins de quoi remplir six (6) unités pédagogiques, pour nous donner droit à l'ouverture d'un lycée. N'empêche que ce constat n'exclut pas que ce lycée sera proposé à son inscription pour l'exercice 2010/2011», a-t-il promis. Il ne tient plus maintenant qu'aux enseignants et aux collégiens des CEM ouverts dans ces communes, d'améliorer leurs performances et former assez de lycéens pour mériter l'ouverture d'un établissement du cycle secondaire.