L'indisponibilité de l'hébergement provisoire au niveau des structures hospitalières accueillant les malades cancéreux semblent poser un vrai problème pour les sujets non résidants à Oran. Que ce soit au CHU ou au centre spécialisé de Misserguine, les malades cancéreux n'ont pas la possibilité d'y séjourner pour faire leur chimiothérapie. Pour certains, des allers-retours dans la même journée, causent plus d'une complication, d'autant plus, que nous sommes en plein mois de ramadan. C'est la raison pour laquelle, une grande majorité des parents de malades, venant hors de la wilaya d'Oran, ont décidé de reporter la chimiothérapie ou la radiothérapie de leurs proches, à après la rupture du jeûne. «J'habite la wilaya de Mostaganem et je me rends obligatoirement, chaque semaine, à l'hôpital d'Oran pour faire ma radiothérapie et pour y subir ensuite la chimiothérapie au niveau du centre spécialisé des cancéreux à Misserghine. Vous savez, je fais ce parcours trois fois par semaine, ce qui est insupportable et extrêmement douloureux pour n'importe quelle personne cancéreuse. Parfois, je loue carrément une chambre dans un modeste hôtel situé à proximité de l'hôpital, afin d'éviter les allers-retours. Mais cette solution-là est très onéreuse, vu que l'hébergement dans les hôtels, situés aux alentours du CHU, sont relativement coûteux, surtout pour les personnes qui, comme moi, sont issues d'une frange défavorisée. Si j'avais des proches à Oran, le problème ne se poserait peut-être pas. Hélas, ce n'est pas le cas. Dans certains cas, on m'autorise à passer la nuit dans la maternité», révèlera C.F. âgée de 39 ans et souffrant d'un cancer. Un autre cancéreux, habitant à l'USTO, dira: «En ce qui me concerne, la chimiothérapie, je la fais au service des maladies pneumologiques puis je rentre chez moi. J'ai la chance d'habiter Oran. Pour de nombreux autres cancéreux, notamment ceux qui viennent de loin, c'est la vraie galère! Souvent, je ramène chez moi des cancéreux qui viennent surtout des wilayas du sud du pays. Ceux-là, il leur est carrément impossible de rentrer chez eux et de revenir à Oran, dans la même semaine. Sincèrement, ces conditions restent défavorables à notre rétablissement.» Lors de notre présence au service, nous avons rencontré un grand nombre de malades qui tentaient de faire reporter leurs rendez-vous pour après le mois sacré. «Nous ne pouvons pas faire notre thérapie, pendant le ramadan. L'hébergement à l'hôpital est impossible et nous n'avons personne à Oran. Pourquoi les responsables du secteur ne dégagent-ils donc pas une structure d'accueil pour tous ces cancéreux? Il est inconcevable que le centre de Misserghine qui dispose d'espaces importants, ne puisse recevoir les malades que durant la journée.» Sur cette même question, des médecins résidents au service de radiothérapie affirment: «Effectivement, c'est un problème épineux et contraignant. Les cancéreux qui viennent faire leur radiothérapie chez nous et leur chimiothérapie dans le nouveau centre spécialisé, sont obligés de quitter le service, une fois leur thérapie terminée. Ceci est en contradiction complète avec les orientations médicales qui exigent que tout malade, ayant subi une chimiothérapie ou une radiothérapie, doit impérativement rester sous surveillance médicale, pendant au moins 24 ou 48 heures. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit là d'une thérapie assez lourde et dont l'effet, sur le sujet, est immédiat. Souvent, les malades qui habitent hors d'Oran, sollicitent notre coup de main pour pouvoir passer la nuit dans l'une des structures de l'hôpital, notamment les vieux et les femmes.» Réagissant à cette épineuse préoccupation exprimée par les malades cancéreux, une source responsable au CHU d'Oran dira: «Je tiens à souligner que l'hôpital, actuellement, ne dispose pas de structures vides susceptibles d'accueillir ces cancéreux. En revanche, vous pouvez constater que les soins sont assurés pour l'ensemble des malades et la surcharge que subissait le service concerné au CHU d'Oran, a été largement soulagée avec l'ouverture d'un nouveau centre à Misserghine, déjà opérationnel depuis plusieurs mois. Ce dernier est appelé à se transformer, plus tard, en un établissement hospitalier qui assure, à la fois, la prise en charge médicale et l'hébergement des malades. Je souligne toutefois que le CHU assure l'hébergement aux cas les plus critiques parmi les cancéreux, entre autres, ceux atteints de cancers du sang, qui sont placés au service d'hématologie. Quelques femmes, atteintes d'un cancer de sein, peuvent, à leur tour, être placées dans le service de la maternité. Je porte à votre connaissance que le nouveau centre spécialisé de Misserghine jouit d'une capacité d'accueil de 100 lits.»