La fameuse loi du 23 février 2005 revient au-devant de l'actualité. C'est l'Académie française des sciences d'outre-mer qui vient de remuer la fosse à purin en décidant de la création d'un prix littéraire pour récompenser un ouvrage traitant des «aspects positifs de la colonisation». Le MRAP, fidèle à son intransigeance, n'a pas tardé à réagir. En effet, dans un communiqué qu'il a rendu public, il fait part de son indignation. «Le Mrap s'indigne de cette ‘récompense', survivance de l'Académie des sciences coloniales, fondée en 1922 et transformée en 1957 en Académie des sciences d'Outre-mer. Si le vocabulaire a changé, l'idéologie persiste", a souligné cette ONG. Pour le MRAP, cette nouvelle sortie est «évidemment loin d'être fortuite», venant à quelques jours de la commémoration des événements du 17 octobre 1961, journée au cours de laquelle des dizaines d'Algériens ont été jetés dans la Seine après avoir répondu à l'appel du FLN. "La colonisation a été émaillée, jusqu'au cœur de la Métropole, de crimes et de massacres qui font aussi partie intégrante de son histoire", souligne le MRAP en référence à ce massacre qui est l'antithèse de ce que pouvait être une œuvre positive. Et de mettre en évidence dans son communiqué que "la colonisation n'a pas joué un rôle positif, car elle s'est toujours fondée sur la violence, l'humiliation, la dépossession, la supériorité d'un peuple sur un autre, le racisme étant son fondement exclusif». Raison pour laquelle cette ONG considère que l'"attribution de ce prix est en soi inacceptable". Avec la décision de l'ancien président français, Jacques Chirac, de faire abolir certains articles de cette loi du 23 février, notamment ceux faisant l'apologie de la colonisation, comme œuvre civilisatrice, on croyait que la page était définitivement tournée. Mais c'était compter sans l'obstination et l'indécence des nostalgiques de la colonisation qui sont encore très influents dans les rouages du système politique français. Cette Académie et ce prix sont un témoignage éloquent de leur activisme. Ils sont de la même veine que tous les monuments inaugurés ces dernières années dans différentes régions de France pour rendre hommage aux harkis et aux rapatriés. Avec sa réaction, le MRAP donne ainsi le ton de ce qui s'annonce comme un vaste mouvement d'indignation. En tous cas, du côté algérien, ce prix ne manquera sûrement pas de mettre le feu aux poudres. Il va certainement pourrir davantage les relations algéro-françaises qui se trouvent depuis quelque temps dans une zone de turbulences. Orage donc en perspective.