La grève à laquelle a appelé l'Intersyndicale de la Fonction publique n'a pas été suivie à Oran. Les chiffres avancés par la direction de l'Education font état d'un taux de suivi des plus faibles à travers la wilaya. Cela a été d'ailleurs vérifié sur le terrain où même les élèves ont dit leur refus de servir d'otage. Ainsi, sur les 2.495 enseignants du secondaire, seuls 117 ont observé un arrêt momentané de travail, alors que les paliers du moyen et du primaire n'ont connu aucune perturbation. Et le fait marquant a été relevé dans un des lycées d'Oran où une seule enseignante a suivi le mot d'ordre de grève. C'était ainsi l'occasion de relancer les débats sur les conditions de scolarité et les dernières mesures introduites par le ministère de l'Education nationale. «Les premiers pénalisés par le volume horaire et la surcharge des emplois du temps sont, sans nul doute, les élèves, notamment ceux en classes préparatoires d'examens comme les terminalistes et les élèves de 4ème année moyenne. Et la grève annoncée ne fait que les perturber plus qu'ils ne le sont déjà», faisaient remarquer hier des parents d'élèves. Soucieux de l'évolution que prennent les évènements depuis la rentrée des classes avec les multiples dispositions introduites, dont le ton des couleurs pour les tabliers qui n'a fait que rajouter à la confusion, un groupe de parents d'élèves, qui disent ne vouloir plus entendre parler d'association, «encore moins de la très controversée fédération nationale», se dit en effet inquiet de la grève initiée par certains syndicats pour la journée d'hier 5 octobre. M. Nacéra, une mère de famille dont la fille «est déjà stressée par son baccalauréat» qu'elle doit passer en fin d'année dira: «Nous sommes en droit, en tant que parents, d'assurer des conditions favorables pour la réussite de nos enfants, qui sont déjà perturbés par une rentrée en dent de scie, se trouvant pris en otage deux semaine après par une grève générale. Est-ce normale?» L'inquiétude de cette mère pour sa fille, qui de surcroît se trouve dans une phase décisive de sa vie, le baccalauréat étant une étape cruciale pour chaque élève, est partagée par de nombreux parents dont M. Kamel qui laisse éclater sa colère aux abords du lycée où sont inscrits ses deux enfants, dont Nora en classe de terminale en disant: «Est-ce que les responsables sont conscients des décisions qu'ils prennent pour nos enfants? Tout est fait pour les dégoûter de tout ce qui a trait à l'école. A peine trois semaines de la rentrée, et les voila déjà épuisés. Je fais suivre ma fille scolarisée au lycée par un psychothérapeute à cause du début d'année chaotique.» De leur côté, les élèves inscrits en classes d'examen ont rejeté l'idée de la grève à laquelle a appelé l'Intersyndicale de la Fonction publique. C'est le cas de Ryad, un élève de terminale qui refait son bac pour la deuxième fois. Il précise: «Je suis contre cette grève pour la simple raison que c'est mon avenir qui est en jeu et je ne veux pas l'hypothéquer. Malheureusement, nous autres les élèves, nous sommes pris en otage par des adultes inconscients.» Un enseignant en sciences humaines au lycée Hammou Boutlelis dira pour sa part: «Cette année, il ne faut pas s'attendre à de bons résultats, car des élèves qui sortent de chez eux à 7 heures du matin pour n'y revenir que 12 heures plus tard en raison du volume horaire imposé cette année, ne peuvent suivre une cadence normale.»