Cinq Etats dont le nôtre, auxquels se joint un Etat en pointillé pour le moment, à savoir la RASD, sont pris dans une oscillation permanente entre leur appartenance politique, culturelle et même identitaire au Maghreb ou/et à l'Afrique du Nord, ceci pour parler d'identités régionales. Il est cependant vrai qu'en terme d'appartenance, jamais, officiellement ou même officieusement, ne fut rappelé aux sommets de ces Etats leur appartenance à un ensemble régional appelé Afrique du Nord. Par contre, quand il s'agit de l'Afrique, ces pays n'omettent pas leur appartenance à un ensemble plus vaste qu'est l'Union africaine. Or, à l'échelle africaine, les rapprochements ont tendance à privilégier la région sur le modèle de la CEDEAO. Quelle identité politique pour les pays qui sont à l'intersection entre le monde arabe, représenté par la Ligue arabe, et l'Union africaine ? Les cinq pays, plus la RASD, semblent donner plus d'importance à leur appartenance au monde arabe qu'à l'Afrique, bien que l'idée de la construction des Etats-Unis africains soit tout de même discutée au niveau des dirigeants du continent. On peut tout de même se demander si ces pays ne se sont pas «perdus» sur le chemin de la recherche de leur identité sachant que les pays de la Ligue arabe et les pays de l'Union africaine ne poursuivent pas un projet commun d'intégration. Quand la Ligue arabe se réunit, il n'en sort pas de projet unificateur à terme. Les pays africains semblent quand même être allés plus loin sur la recherche de leur cohérence par rapport à l'UA, mais l'impossible maîtrise des facteurs déclenchant les conflits autour des enjeux de pouvoir diffère ou retarde, à chaque fois, l'avancée réelle sur le chemin de l'Union. Quand les pays africains se réunissent, il apparaît que c'est une évidence, malgré la noblesse de l'objectif de l'Union, qu'il est vraiment prématuré de parler d'Union, là où pour le moment il faudrait parler de rapprochement. Où en sont les pays africains en matière de respect des droits de l'homme quand des suspicions existent dans ce domaine précis, et pourrions-nous dire que cette fois, à part certains pays, au moins cette fois, soient définitivement tranchés les arbitrages autour du pouvoir, et que les rapports d'opinion supplantent les rapports de force? Pourrions-nous dire que, cette fois, les pays qui étaient incapables de s'entendre entre eux pour se rapprocher et se retrouver autour d'une identité régionale vont enfin trouver une compensation en parvenant à se donner une identité continentale ? Peut-être, serait-il plus sage de ne pas trop anticiper sur le long terme pour donner une chance à ces rapprochements bien qu'il faille se rendre à l'évidence que rien de politique, de culturel, de religieux n'a pu pour le moment donner une identité africaine aux cinq pays qui constituent l'Afrique du nord, mais qui se tournent exclusivement vers le monde arabe en créant un ensemble régional appelé UMA, le A ne désignant pas l'Afrique. Par Bachir Medjahed