A chaque fois qu'il faudrait justifier un déficit, une déviation, les officiels et les non officiels s'engagent dans une course à des argumentations qui concernent les textes, parfois l'environnement international, mais souvent occultent les adaptations des hommes et des femmes. On parle des défis à relever, mais qui doit s'en charger en tant qu'acteurs ? Il en a existé ceux qui estimaient que le dévoiement politique, ou le dévoiement du processus démocratique, était dû à l'impréparation des populations à entrer dans le pluralisme politique. Nulle place n'était réservée à la possibilité de dire ou même seulement de supposer que la classe politique elle-même n'y était pas préparée. C'est la classe politique qui devrait subir des réformes car elle est pratiquement seule responsable d'abord du transfert des virus vers la société, de la dénaturation du champ politique, du risque avéré de la rupture de la cohésion nationale et fatalement de la double impossibilité ou difficulté de la relance de l'économie et de l'amortissement des frustrations socio-économico-politiques des populations. Il ne s'agit pas de chercher à évaluer le degré de culpabilité, mais seulement d'identifier les causes de l'inaboutissement des démarches. Les hommes ou le système ? On a trop usé du concept de système au point où celui-ci est invoqué pour tout justifier. L'opposition, plus particulièrement, avait commencé en partie par incriminer les hommes et en partie le système. Pourquoi serait-il possible que des réformes mises en œuvre dans le champ économique puissent buter sur des obstacles bloquants ? Faudrait-il faire des textes pour qu'ensuite, par miracle, l'économie se mette en marche? Ne serait-ce pas la classe politique qui devrait d'abord subir (ou bénéficier) de réformes ? Quand on dit classe politique, il ne s'agit pas seulement de ceux qui émargent dans des partis politiques, ou plutôt dans ce qui ressemble à des partis. Quels sont les facteurs qui contribuent à dévier la conduite du processus de démocratisation vers les intolérances et les insécurités ? Ce sont les élites qui conduisaient, peut-être inconsciemment, le processus de déviation vers ce qu'on appelle la tragédie nationale. Une continuité à assurer ? Il y a, à propos de ce concept, de profondes divergences entre le camp qui est au pouvoir et le camp qui se situe dans l'opposition. Continuité de quoi et rupture avec quoi ?