Nouveau rebondissement dans la brûlante affaire de l'assassinat des moines de Tibhirine. Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé, hier, avoir transmis lundi des documents qui étaient classés secret défense au juge d'instruction, Marc Trévidic, en charge de l'affaire. «Le Quai d'Orsay a transmis le 9 novembre au juge d'instruction en charge de l'affaire, à sa demande, des documents susceptibles d'être utiles à la recherche de la vérité sur le dossier des moines de Tibhirine», a déclaré le porte-parole du MAE français. «Cette décision est intervenue immédiatement après l'avis rendu le 5 novembre par la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) concernant les documents qui lui avaient été transmis par le ministère des Affaires étrangères», a précisé M. Valero. La CCSDN, qui s'est réunie jeudi dernier, a fini par donner son feu vert, ce qui a permis au ministère français des Affaires étrangères de remettre des documents (sonores et écrits) relatifs au dossier de l'assassinat des moines trappistes. Ces documents émanent, notamment, des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense. Les divagations du général Bushwalter Cette démarche fait suite à la demande express du président Sarkozy de lever le secret défense sur cette affaire au lendemain de prétendues «révélations» du général François Bushwalter. Cet officier à la retraite, attaché de défense à l'ambassade de France à Alger au moment des faits, avait accusé en juin dernier -dans une déposition faite devant la Justice française- l'armée algérienne d'avoir commis une «bavure» qui aurait coûté la vie aux sept moines de Tibhirine enlevés par le GIA. Buchwalter avait précisé que les moines avaient été touchés par des balles tirées d'hélicoptères sur un bivouac censé abriter des terroristes du GIA. Le lendemain, le président Nicolas Sarkozy a haussé le ton en exigeant que «la vérité soit faite» sur les circonstances de l'assassinat des moines en mars 1996. «Je vous dis une chose, je veux la vérité» a-t-il déclaré. Sarkozy fait marche arrière «Les relations entre les grands pays s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge», a-t-il dit lors d'une conférence de presse tenue avec son homologue brésilien, Lula da Silva, à Paris. Cette déclaration inédite n'a pas a été appréciée par les autorités algériennes en ce sens que Sarkozy a pratiquement accusé l'Algérie de «mensonge d'Etat». Mais voyant qu'il a été très loin, le président Sarkozy s'est rattrapé quelques jours plus tard en précisant que lui-même s'en tenait au communiqué n° 44 du GIA dans lequel le groupe terroriste avait revendiqué l'assassinat des moines. L'affaire a suivi son cours normal et les autorités françaises ont sollicité leurs homologues algériennes pour des compléments d'informations pour faire aboutir l'enquête. Politiquement, cette affaire a jeté un froid entre Alger et Paris au point où la visite annoncée du président Bouteflika en France a été reportée sine die. La levée du secret défense promet, donc, de faire la lumière sur une affaire «franco-française» qui a impliqué l'armée algérienne par le fait «d'affabulations» d'un général.