Intervenant, hier, au Forum d'El Moudjahid sur le dossier brûlant des constructions anarchiques, des experts architectes pensent que la nouvelle loi sur la mise en conformité des constructions reste incomplète, si l'on veut obtenir l'éradication de ce phénomène hideux qui défigure nos villes. Selon une estimation, il existe plus de 1.200.000 constructions inachevées dont 20% sont illicites ou érigées à la lisière d'oueds. Le ministère de l'Habitat a promulgué deux décrets exécutifs qui constituent une avancée importante. La question des constructions inachevées et du vieux bâti ne peut pas être réglée, cependant, par une seule loi qui met dans le même panier tous les types de constructions. Selon le président du Collège national des architectes algériens, Abdelhamid Boudaoud, le gouvernement gagnerait à soumettre cette loi à débat national qui associerait des architectes pour une meilleure stratégie de l'acte de bâtir. «Non seulement le gouvernement s'est fait piéger par cette loi, notamment lors du séisme de 2003, mais des milliers de constructions ont poussé comme des champignons dans les zones à risques (failles sismiques) ou à la lisière des oueds, sans que la loi ne prévoit cela». Le règlement de ce dossier lourd requiert des moyens colossaux et un véritable plan Marshall, ainsi qu'une cartographie des constructions basée sur le plan de prévention des risques (PVR). Le Collège plaide pour une meilleure implication des architectes dans l'acte de construire. Par un simple calcul, il fait état de 12.000 architectes pour plus de 1.200.000 constructions inachevées, soit une moyenne de 100 à 150 chantiers par architecte, loin des normes internationales qui exigent 5 à 6 chantiers pour un architecte. «C'est le moment ou jamais de permettre à l'architecte d'assumer sa responsabilité» dira l'orateur qui impliquera les APC dans l'assainissement du dossier. Le président de l'Ordre des architectes d'Alger s'en prendra à l'administration qu'il accusera d'être juge et partie dans la question de la rénovation urbaine. «L'administration élabore des décrets pour protéger les gens, au lieu d'assainir la situation anarchique dans laquelle sont embourbées nos villes» accusera-t-il. S'agissant de la capitale, l'orateur dira «non seulement, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a occulté l'aménagement urbain en laissant pousser des villes fantoches comme El Hamiz, sans PDAU ni POS, mais il a laissé, en plus, des situations pendantes». A cette situation se greffe l'ambiguïté autour des permis de construire et celui d'achever. C'est pour dire que la question des constructions inachevées est loin d'être réglée.