Quand bien même que devraient s'exprimer des critiques à l'égard du gouvernement, ceci pour l'amener soit à faire mieux, soit à se corriger, il sera tout de même difficile de démontrer que celui-ci a échoué dans tout ce qu'il entreprend. Quoi qu'il en soit, les résultats ne seront jamais suffisants. Au moment, par exemple, où l'on parle de mobilisation de toutes les forces disponibles, les syndicats autonomes n'arrivent pas à arracher la reconnaissance administrative, c'est-à-dire leur légalité alors que les grèves qu'ils organisent sont bien réelles. Ce n'est pas critiquer les pouvoirs publics que de faire remarquer que les syndicats autonomes existent et qu'ils activent. Ce n'est pas critiquer les pouvoirs publics que de rapporter que des observateurs disent qu'il y a un écart entre le fait que les grèves organisées par de tels syndicats sont effectives sur le terrain, qu'elles viennent quand même d'arracher une concession et, pourtant, ils ne sont pas encore reconnus. Serait-ce critiquer le gouvernement, juste pour le critiquer, si on lui rappelle ce qu'il sait déjà, à savoir que nous nous trouvons encore sans champ politique, sans champ syndical, avec des obstacles à la relance de l'économie et à l'apaisement des facteurs de tension, et toujours avec une violence certes en perte de vitesse, mais cependant durable. Il est normal, et cela est valable pour tous les pays dans le monde, y compris les grandes puissances, que les gouvernements aient pour tendance à édulcorer la situation dans tous ses volets et la presse à relever les contradictions fournies par les experts, l'opposition ou les populations elles-mêmes. Sans la reconnaissance du fait que rien n'est parfait, aucune équation de résolution des variables ne pourra correctement être posée. Reconnaître ne signifie pas faire l'aveu de son incompétence, mais plutôt de la volonté à résoudre cette équation. Une question pourra toujours se poser. Les rapports d'opinion sont-ils de ceux qui permettent de mettre le cap sur la démocratie, qui est le préalable à l'acceptation que tout se négocie sans tabou et quel contenu à donner à ce concept de démocratie?