Leur vie et leur statut a basculé, en quelques minutes, eux, ce sont les pompiers d'Es Sénia et leurs familles qui, suite à un incendie ayant emporté les chalets qui leur servaient d'habitations et depuis, ils sont passés du statut de sauveteurs à des sinistrés, oubliés par tous. Elles sont donc six familles de sapeurs pompiers qui vivent ce calvaire, depuis un certain 11 février 2008, aux environs de 14 heures, lorsqu'un important incendie s'était déclaré, détruisant ainsi les chalets leur servant d'habitations ainsi que tous leurs biens et objets personnels. Toutes les autorités, représentées par le wali d'Oran, le chef de daïra, le président de l'APC d'Es Sénia ainsi que le directeur de la protection civile ont constaté, de visu, l'étendue des dégâts et des promesses avaient été faites pour régler au plus vite leur situation, des promesses qui n'ont pas été tenues et qui ont beaucoup frustré les éléments de la protection civile et leurs enfants. «Décision a été prise de faire construire six habitations pour les familles sinistrées et une aide substantielle de 520.000 dinars et cela durant les quatre mois qui ont suivi le sinistre», rappellera un des sapeurs pompiers, déçu comme ses autres collègues et voisins du revirement des autorités. Et d'ajouter: «Jusqu'à présent, aucune décision n'a été prise et nous sommes, à ce jour, livrés ainsi que nos familles à une situation sociale des plus dramatiques.» Cet abandon aura poussé les chefs de famille à saisir les plus hautes autorités de l'état, en témoigne cette correspondance adressée au président de la République. Parmi ces sinistrés, un sapeur pompier, ayant perdu un œil dans l'exercice de ses fonctions, une intervention qui lui a été fatale mais tout de même menée à terme, nous dira-t-on. C'est cette situation déplorable et dure à vivre qui fait dire à l'ensemble de ces pompiers sinistrés: «De sauveteurs, nous sommes devenus sinistrés. Notre vie a basculé en un temps record, est-ce cela le prix du dévouement et du sacrifice, durant toute une carrière et au dépend de nos vies?» La cité des pompiers est toujours là pour témoigner du ravage des flammes et les pompiers et leurs familles sont aussi au même endroit, espérant toujours le réveil des consciences qui leur permettra, grâce à un modeste toit, de retrouver leur dignité, au moins devant leurs enfants. Tous les documents, constats et rapports officiels attestant de l'ampleur du sinistre, sont toujours détenus par les pompiers sinistrés, et aux autorités compétentes de décider du sort à réserver à ces pères de familles, vu que leurs enfants ont déjà décidé de ne pas s'incorporer dans le corps des sapeurs pompiers, alors que cela a toujours été leur rêve d'enfant, mais il s'est envolé depuis.