L'euphorie qui a suivi l'épopée de Khartoum, commence à s'estomper d'autant plus que l'Aïd-el-Adha est à nos portes. Après plusieurs jours vécus dans l'angoisse, suivie d'une joie intense consécutivement à la qualification de l'EN au Mondial 2010, les citoyens remettent les pieds sur terre, face aux prix effarants du mouton de l'Aïd. Le coin réservé habituellement au marché hebdomadaire des véhicules à Remchi, s'est transformé pour la circonstance en marché du bétail, et ce, depuis dimanche dernier. Le lendemain lundi, il y avait déjà foule, des curieux venus des environs pour tester la cote atteinte par la bête de leur choix, parmi les centaines d'ovins ou de caprins de différentes tailles. Au vu du mouvement des amateurs qui parcouraient les lieux à la recherche de l'occasion à saisir, on s'est aperçu, que la plupart d'entre eux étaient surtout là, pour tâter le pouls du marché qui semblait, à priori assez élevé. Tout en faisant le tour du marché, certains se renseignaient sur le prix, d'autres marchandaient timidement, mais sans trop insister. Un tour complet les édifiera un peu plus sur les prix proposés, généralement inférieurs à ceux auxquels sont cédés les ovins. Ces prix oscillent entre 15.000Da pour la brebis et 31.000Da pour le bélier d'un bon poids. Des prix difficilement accessibles aux bourses moyennes voire carrément hors de portée des salariés de la fonction publique. A la question de savoir pourquoi il ne se décidait pas à acheter le mouton qu'il lorgnait, un chauffeur de camion faisant dans le… transport scolaire, nous répondra: «Je nourris encore l'espoir de voir les prix baisser un peu plus dans les trois derniers jours précédant l'Aïd, alors qu'ils restent hors d'atteinte pour mes moyens. Figurez-vous que l'ovin le moins cher, dépasse de loin mon salaire mensuel». Selon un éleveur, ces prix auraient dégringolé de 4.000Da par rapport à mercredi passé. Affirmation aussitôt démentie par un autre éleveur se tenant de l'autre côté du marché et qui estime: «Si les prix restent assez élevés pour le moment, ils vont, peut-être, chuter dans les deux derniers jours précédant l'Aïd, sachant que les maquignons seront bien obligés de vendre leurs manades, pour ne pas les avoir sur les bras après l'Aïd et payer des frais de transport et d'élevage supplémentaires.» En effet, ces maquignons raflent les moutons «bel djemla» (en gros) à des prix convenant généralement aux éleveurs, quitte à s'entendre entre eux, pour les imposer aux éleveurs. C'est ainsi que les ovins peuvent changer de mains plusieurs fois, avant d'être revendus quelques mètres plus loin avec une plus-value souvent assez confortable. Non seulement ces maquignons peu scrupuleux agissent en amont jusqu'à la source, mais ils s'entendent comme larrons en foire, pour maintenir les prix hors de portée des revenus modestes. Il faut espérer que le marché s'active encore plus, dans les deux derniers jours qui précèdent l'Aïd, car d'une part les citoyens qui en ont les moyens, vont se décider à acheter leur mouton, et d'autre part, les revendeurs sauront, le moment venu, lâcher du lest pour se débarrasser d'une acquisition somme toute trop encombrante pour leurs revenus.