Chères lectrices, chers lecteurs Cela fait plus de dix ans qu'est née La Voix de l'Oranie rejointe, quelques années plus tard, par son «cadet» Sawt al Gharb. Ces deux titres, qui sont venus enrichir un paysage médiatique, se fixent comme objectif, la participation au développement de toute une région. Sans subventions ou aide de l'Etat ni même l'octroi de crédits bancaires, ces deux titres ont continué à paraître et ont su rester au service d'un lectorat très exigeant en matière d'informations de proximité. La Voix de l'Oranie et Sawt al Gharb ont, également, permis la création de plus d'une centaine d'emplois directs dont ont bénéficié, dans la totale transparence, et des universitaires et l'Etat, dans sa quête de résorption du chômage. Et autant d'emplois indirects, dans toutes les wilayas de l'Ouest algérien. Si les deux quotidiens ont fait face, à maintes reprises, à des difficultés économiques ou politiques, ils sont menacés, aujourd'hui, de disparaître définitivement du champ médiatique qu'ils ont investi le 25 novembre 1999, un mois historique qui n'a pourtant jamais connu de défaites. Chères lectrices, chers lecteurs Depuis jeudi 28 janvier, nos deux titres ont déserté plusieurs étals de la région ouest car la société d'impression a décidé –à juste titre- de réduire de 50% les quotas de tirage. Depuis hier, samedi 30, la réduction s'est accentuée et aujourd'hui l'inconnu plane sur la quantité à tirer. La Société d'impression de l'Ouest réclame le paiement de ses prestations. Une situation commerciale tout à fait normale. Le problème est que nos deux journaux sont dans l'incapacité de payer leurs dus. Mais comment en est-on arrivés à cette situation? Depuis le 21 janvier 2008, l'ANEP, en charge de distribuer la manne publicitaire publique (donc celle de l'Etat et des Algériens) a décidé que nos deux journaux devaient passer du «quota» de 3 pages à… 0 page par jour pour l'ensemble des deux titres. La manœuvre était tellement grossière que cette même ANEP se devait de corriger son erreur, par deux fois. Elle procédera à une première «augmentation» à un quart de page par jour et par titre; pour, ensuite, amener nos deux titres à deux pages par jour. Depuis ce moment-là, nos journaux se battent pour survivre, accusant déficit sur déficit. Deux années de combat pour arriver au baisser du rideau avec une sentence douloureuse: 120 familles au chômage. Quel paradoxe, au moment où l'Etat injecte des centaines de milliards de dinars dans des sociétés publiques pour éviter le même sort à d'autres familles. Nous astreindre à 2 pages de publicité pour les deux journaux pendant deux longues années ne peut reposer ni sur l'argument politique et encore moins commercial. Sur le plan politique, d'abord, nous avons été de tous les soutiens aux institutions de la République, et ce, au moment même où des voix, depuis l'étranger, tentaient d'éclabousser l'honneur de ceux qui défendaient cette République. Nous avons été, également, les premiers soutiens de Son Excellence le président de la République et de son programme, sans attentes et sans aucune arrière-pensée. Sur le plan commercial, ensuite, nous ne comprenons pas sur quelle logique commerciale, des titres qui ne représentent même pas le tiers de nos tirages et qui emploient à peine 20% de nos effectifs, sont «récompensés» du double, voire même du triple de ce qui nous est affecté? Chères lectrices, chers lecteurs La volonté de bâillonner nos deux titres est, à partir de ce moment, manifeste. Car en nous privant de rentrées publicitaires substantielles, il est clair que la mise à mort de nos titres a été savamment programmée, vous privant ainsi d'un journal que vous aviez l'habitude de tenir entre vos mains tôt le matin pour vous informer sur votre région. Cette mise à mort savamment orchestrée a, bel et bien, abouti de cette situation: celle de jeter à la rue une centaine de familles algériennes à la rue. Le directeur de la publication * Lettre publiée à la une de l'édition n°3119 du dimanche 31 janvier 2010