L'entrée en vigueur de la contractualisation est prévue le mois prochain, provoquant un changement radical dans la gestion des hôpitaux. En l'absence de débat public sur ce dossier, cependant, seuls les initiés sont au courant des contours de cette réforme lancée en grande pompe par le ministère de la Santé, dans le cadre de la réforme hospitalière. Bien que l'Algérie ne soit pas le premier pays à recourir à ce système, beaucoup de zones d'ombre entourent cette démarche. Pour certains, la réforme ne vise que «la remise en cause de la médecine gratuite». Enfourchant l'argument du «désengagement financier de l'Etat vis-à-vis des secteurs non rentables jugés budgétivores», un médecin de l'hôpital Mustapha Pacha à Alger n'hésite pas à évoquer la «privatisation des hôpitaux». Pour notre interlocuteur, «ce régime n'est autre qu'une dérobade pour liquider ce qui reste de la santé publique». «Ce système ne permettra l'accès aux soins qu'à une partie de la population» expliquera-t-il en précisant que «la première catégorie est composée des assurés sociaux qui auront à payer les 20%, la deuxième, les démunis pris en charge par le ministère de la Solidarité nationale, et la troisième représente la majorité de la population, celle qui n'est pas assurée ni classée démunie. Cette partie va payer la totalité de ses frais». Selon une source du ministère de la Santé, qui a requis l'anonymat, «le système d'interconnexion entre les différents organes de sécurité sociale et les hôpitaux a été déjà expérimenté, l'on s'attend maintenant à la généralisation de ce système au reste des infrastructures hospitalières qui interviendra durant ce mois en cours». Néanmoins, si la mise en place de ce système de gestion semble être à l'heure, notre source nous déclare que «personne n'est au courant ni de la nomenclature ni de la facturation des actes médicaux; les prix n'ayant pas été encore fixés». Outre la tarification des prestations, beaucoup d'interrogations restent sans réponses. Quel sera l'apport des ménages? Quel sera le prix à payer par les caisses de sécurité sociale? Notre interlocuteur explique que «la sécurité sociale qui paye, jusque-là, un forfait évalué pour l'année 2010 à 38 milliards de Da, soit 20% du budget global, n'aura à payer que les frais déclarés par ses assurés». «Par ailleurs, poursuit notre interlocuteur, d'autres sources seront mobilisées afin de contribuer aux budgets des hôpitaux, comme les compagnies d'assurances. En cas d'accident de la circulation, par exemple, l'assureur automobile payera une partie des dommages que son client a causés à la victime». Sur un autre plan, notre source a fait savoir que l'organisation des structures sanitaires sera revue. «Les hôpitaux seront réorganisés. Dans chaque hôpital, un bureau des entrées sera installé et chapeauté par un médecin. C'est lui qui aura à charge d'orienter le malade et de le suivre depuis son entrée jusqu'à sa sortie. A la fin du séjour du patient, son dossier sera communiqué au service des archives, de façon à avoir une traçabilité». Cette façon de faire permettra d'avoir une cartographie des pathologies dans chaque région, selon notre interlocuteur.