Le crédit à la consommation pourrait être relancé en Algérie. En effet, le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui défendait, fin septembre dernier sur les ondes de la chaîne III la décision portant suppression du crédit à la consommation -décision qui avait soulevé un tollé auprès des ménages-, soulignant qu'il n'a d'utilité que lorsqu'il accompagne une production nationale, serait en passe de faire marche arrière. Il a indiqué hier, à l'APN, que la proposition du FMI de faire revenir le dit crédit pour soutenir le développement du secteur financier algérien et booster le pouvoir d'achat des Algériens sera étudiée par son département. La possibilité de voir ainsi relancée est cette forme de prêt qui consiste à mettre un montant d'argent à disposition d'un emprunteur sur un compte particulier ouvert par cet organisme pour le financement de ses achats est désormais possible. Pour rappel, dans une note d'information publiée du conseil d'administration du FMI, publiée le 24 février dernier, les administrateurs de l'institution de Bretton Woods trouvent que «l'interdiction des prêts à la consommation (à l'exception du crédit immobilier) constitue un obstacle potentiel au développement du secteur financier». C'est en ce sens qu'il a été suggéré de «lever cette interdiction lorsque la centrale des risques liée aux crédits aux particuliers deviendra opérationnelle». Le FMI a donc critiqué ouvertement l'annulation du crédit à la consommation, décision que le gouvernement avait expliquée par une volonté de l'Etat de «protéger les ménages contre tout risque de surendettement et d'orienter l'économie nationale vers la production». «Le propre d'une action du gouvernement n'est pas de prendre des mesures impopulaires, mais de prendre des mesures qui répondent à des situations données à un moment donné», avait souligné Djoudi à ce propos. Toutefois, est-il à noter, c'est la mesure a lésé beaucoup d'Algérien dont les moyens financiers sont limités pour pouvoir se payer des produits souvent nécessaire de nos temps. Interrogé à ce propos, le ministre des Finances a tenu à donner un exemple par les chiffres, indiquant que «sur plus de 100 milliards de dinars de crédits à la consommation (accordés par les banques en 2008), 80% étaient destinés au crédit automobile», expliquant que cette situation a été à l'origine de la hausse des importations de véhicules et de pièces de rechange. Ce sont là des explications «démenties» dans un certaine mesure par la dernière note statistique du CNIS selon laquelle «les effets de la loi de finances complémentaire 2009 tardent à se faire ressentir sur la courbe des importations des véhicules». En effet, et comme rapporté par un confrère, «malgré l'annulation des crédits à la consommation, l'importation des véhicules de tourisme a connu une hausse de 4,4% durant le mois écoulé pour une valeur globale de 95 millions de dollars». Les administrateurs du Fonds monétaire international ont recommandé également dans leur rapport la relance du processus de privatisation des grandes banques publiques, et ce, dans le dessein «d'accroître l'efficience du secteur bancaire sur la base des meilleures pratiques internationales». Pour certains spécialistes, à l'instar de l'économiste algérien Salah Mouhoubi, qui a eu à travailler avec cette institution internationale en qualité de directeur chargé des études à la banque centrale, et dans une interview livrée à un confrère, «les observations faites par le Fonds monétaire international (FMI) au sujet des décisions économiques prises par Alger, notamment l'interdiction du crédit à la consommation et la suspension de la privatisation des banques publiques, sont inopportunes». «C'est un peu surprenant de la part de cette institution internationale. A l'extérieur, dans les pays constructeurs d'automobiles, il existe des problèmes sérieux quant à cette branche de leur économie. Ils ont pris des mesures de relance. Maintenant, on demande à l'Algérie de participer de manière indirecte à la relance de ce secteur, alors que ce n'est pas dans l'intérêt de l'Algérie», a-t-il soutenu.