Deux bombes artisanales ont été désamorcées à temps dans la région de Bouira. Un autre engin a explosé avant-hier dans la commune de Toudja, à Bejaia, faisant un blessé grave. Ces deux événements illustrent parfaitement la situation dans la région de Kabylie. Cette région est, non seulement, infestée de terroristes, mais aussi -et c'est là tout le drame- minée par des engins explosifs qui ne cessent de faire d'innocentes victimes. Longtemps considérée comme la «petite Suisse» d'Algérie, au plus fort du terrorisme, la Kabylie s'est vite transformée en terrain où l'insécurité est haute. D'abord zone de repli pour les sanguinaires du GSPC, son relief accidenté et fortement boisé a fait de la région une véritable zone d'actions terroristes. Mais pas pour longtemps, cependant, puisque acculés de toutes parts, les terroristes ont fini par n'y organiser que des actions spectaculaires à caractère médiatique. Du coup, la situation sécuritaire des civils s'est dégradée. Ce qui n'a pas manqué d'induire une nouvelle donne. Au renforcement du dispositif sécuritaire, s'est ajoutée l'implication des populations dans la lutte antiterroriste. Fief des différentes organisations armées terroristes, du MIA à l'AQMI en passant par les GIA et le GSPC, la Kabylie est devenue au fil du temps un fief des terroristes, ces deux dernières décennies. L'ensemble des groupes terroristes islamistes ont activé dans cette région montagneuse couvrant pas moins de 5 wilayas (Tizi-Ouzou, Bouira, Bordj Bou-Arrerridj, Bejaia et Jijel). Une présence qui s'est soldée par de nouveaux attentats et qui a poussé les services de sécurité à mettre en place un dispositif de contrôle des principaux points de transit des groupes terroristes. Ce qui a eu pour effet de rassurer et de sécuriser davantage et directement les populations dans les zones rurales. Encouragées, ces dernières se sont impliquées activement dans la lutte antiterroriste, fournissant les moindres informations aux forces armées constamment en ratissage dans la région de Kabylie. Cette offensive militaire, s'étant accentuée depuis le 17 juin 2009, à la suite de l'attentat contre un convoi de la Gendarmerie nationale qui a causé la mort de 24 gendarmes, a donné lieu à une prise en charge spécifique marquée par un bouclage sérieux de cette vaste région. Neuf terroristes ont été ainsi éliminés en deux mois, uniquement à Bejaia. Dans leur débandade, les groupes terroristes minent le terrain pour tenter de retarder l'avancée des militaires. Les engins explosifs, dissimulés un peu partout, ont fait de nombreuses victimes tant parmi les soldats de l'ANP que parmi les civils. Si la présence des militaires a déjà permis à beaucoup de villageois de retrouver leurs maisons, qu'ils ont quittées sous la contrainte de l'insécurité grandissante, il reste que le déminage progressif des endroits fréquentés par la population encourage le retour rapide à une situation normale.