Jusqu'à hier soir, aucun signe n'annonçait un dénouement heureux de l'affaire de kidnapping d'un citoyen de Boghni. Les citoyens qui ont organisé des battues ont fixé un ultimatum qui devait prendre fin hier soir. Une réunion est prévue pour décider des suites à donner au mouvement de solidarité. Depuis 2005, le phénomène d'enlèvement de commerçants et d'entrepreneurs a pris le relais des actions terroristes. Le kidnapping dont est victime un commerçant, entre les mains de ses ravisseurs depuis plus d'une semaine, est le dernier en date. La facilité avec laquelle les groupes armés agissent dans la région inquiète les citoyens en dépit du déploiement des militaires dans le cadre du dispositif de lutte antiterroriste. Ces kidnappings seraient également l'œuvre d'Al-Qaïda au Maghreb qui a besoin d'argent pour préparer des attentats. L'essentiel des enlèvements, suivis de paiement de rançon, n'ont pas fait l'objet de plainte car de nombreux commerçants ont préféré céder au chantage des groupes armés. Ce n'est, désormais, plus le cas. Les populations veulent se défendre. Avant-hier, Boghni était une ville morte. Une grève générale à laquelle ont appelé les villageois d'Aït Koufi a été largement suivie. La mobilisation citoyenne s'amplifie. Des milliers de citoyens ont marché vers le siège de la daïra où une délégation a été reçue. «La rencontre avec le chef de daïra est une façon de mettre tout le monde devant ses responsabilités, y compris les services de sécurité», a affirmé un villageois. Une coordination des comités de villages de la daïra de Boghni est née pour gérer ce type de problème et pour aboutir très rapidement à la prolongation de l'ultimatum donné aux ravisseurs, qui a pris fin hier. Si les citoyens de Boghni sont en colère, c'est parce que la région est connue pour l'insécurité qui y règne depuis près d'une décennie. Des dizaines de véhicules volés, autant d'agressions à l'arme blanche et à l'arme à feu contre de simples citoyens sont des faits rapportés quotidiennement par la presse. La misère de la population s'explique aussi par la prolifération des lieux de débauche. Le kidnapping de l'octogénaire n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. L'insécurité est devenue la première préoccupation des populations. Des efforts ont été consentis pour la lutte contre ce fléau. Mais le quotidien des citoyens se trouve ainsi détérioré.