L'affaire des moines de Tibhirine s'invite, de nouveau, dans la brouille des relations déjà tumultueuses entre Alger et Paris. Sauf que cette fois-ci, c'est par le biais de la télévision et du cinéma. En effet, la chaîne française Canal+ a programmé de diffuser, à la fin du mois d'avril courant, un documentaire dans son magazine «Spécial Investigation» sur la mort des sept religieux, selon une information rapportée par TSA. Ce documentaire, qui revient sur un des épisodes les plus dramatiques de la décennie noire, vécue par les Algériens, se veut une «contre-enquête» bâtie sur la base des déclarations faites, l'an dernier, par le général français Buchwalter. Ce dernier, qui était en poste à Alger au moment des faits, affirme que les moines ont été victimes d'une bavure de l'armée algérienne, lors d'une opération antiterroriste dans la région de Médéa. Ce général, dans sa note, soutenait que les corps des sept moines étaient criblés de balles tirées à partir d'hélicoptères engagés dans l'opération et précisait que leurs têtes n'ont pas été atteintes. L'affaire a, également, intéressé le cinéma. Le réalisateur français, Xavier Beauvois, a tourné au Maroc un film sur les sept moines, intitulé «Des hommes et des dieux». Au casting, on retrouve une star du cinéma français, Lambert Wilson qui interprétera le rôle d'un des religieux. Le film sera projeté, pour la première fois, en mai prochain au festival international du film de Cannes. Ces deux productions, le documentaire et la fiction, ne visent, ni plus ni moins, qu'à remettre au goût du jour la thèse du «qui tue qui» qui impute à l'armée algérienne une partie des meurtres commis pendant la décennie noire. Evidemment, les propos du général Buchwalter ont été battus en brèche par des spécialistes algériens qui avaient soutenu qu'il était impossible de tirer à partir d'un hélicoptère avec une précision permettant d'épargner les têtes. D'ailleurs, à la suite des déclarations du général français, le président Nicolas Sarkozy avait ordonné la levée du secret défense sur cette affaire. Il est vrai que, cette fois-ci, les politiques n'y sont pour rien dans l'exhumation de ce dossier. Mais il va sans dire, qu'aussi bien le documentaire que la fiction de Xavier Beauvois, qui sera projetée à Cannes, ne manqueraient point d'écorner l'image de l'Algérie au moment où le pays souffre justement d'un déficit d'images à cause du terrorisme dont les fantômes continuent de hanter notre pays. Surtout que l'image de l'Algérie dans le monde est davantage élaborée à Paris qu'à Alger.