«Donnez-moi un verre d'eau.» Telles sont les paroles prononcées par Z.S., en ce 5 septembre 2009, alors qu'elle venait de se réfugier chez les voisins, et ce, après que Z.M., son père, et Z.A., son frère, se sont déchainés sur elle et l'ont battue, tels des forcenés. Nous sommes au mois du ramadhan, lorsqu'un cousin paternel vient rendre visite à la famille de la victime à Hassi Ben Okba. Ce dernier va voir Z.A. et lui confie avoir vu, la veille, un jeune homme sortir du garage de leur maison. Sachant que sa jeune sœur, âgée de 17 ans était seule ce soir là, et sans crier gare, Z.A. va la trouver et la roue de coups. Entendant les cris de sa fille, le père arrive et apprend, de la bouche même de son fils les faits. Aussitôt, il prend part à la bastonnade. Attachée et rouée de coups, elle réussit tout de même à fuir chez la voisine. En rentrant, elle supplie cette dernière de lui donner un verre d'eau et de la libérer de ses liens. Ce qu'a immédiatement fait la voisine, en voyant l'état dans lequel se trouvait la jeune fille. Mais quand les parents apprennent que la victime s'est enfuie chez les voisins, ils sont fous de rage, pour eux, le scandale est double. Et son frère décide donc d'aller la chercher, menaçant ainsi la voisine qui ne voulait pas ouvrir la porte. De retour à la maison, la bastonnade est encore plus féroce, puis la jeune fille est enfermée dans la salle de bains. Ce n'est que quelques instants, après la rupture du jeûne que son père va la chercher et qu'elle n'est pas sa surprise, en trouvant sa fille, inanimée. Prenant peur, il décide de l'emmener au dispensaire de la localité, mais c'est trop tard, les coups reçus ont eu raison d'elle et la jeune fille décède en cours de route. Une enquête est alors ouverte et les investigations aboutissent à l'arrestation du frère et du père qui, selon le témoignage de certains voisins, aurait pris la fuite, en apprenant le décès de sa fille. Appelé hier à la barre pour répondre du grief de coups et blessures, ayant entrainé la mort, sans intention de la donner, le frère reconnaît avoir frappé sa sœur, mais nie le fait de l'avoir tuée. Quant au père, il rejette de bloc les accusations retenues à son encontre et dit: «Ce jour-là, je me trouvais chez ma deuxième femme, à Arzew.» Citée comme témoin, cette dernière dément sa déclaration. Les voisins appelés, eux aussi, à témoigner affirment que ce jour-là, la jeune fille avait bien été battue à mort. Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a demandé la peine maximale, alors que la défense a plaidé les circonstances atténuantes pour le frère et la non-culpabilité du père. Aux termes des délibérations, 15 et 20 ans de réclusion ont été prononcés à l'encontre du frère et du père.