Le service de réanimation à l'hôpital de pédiatrie de Canastel a enregistré le décès d'une enfant, âgée de 12 ans et atteinte de tuberculose, admise, il y a quelques jours, dans un état très critique. Selon les premières informations livrées par le rapport du staff médical au sujet de son décès, la cause principale du drame serait la découverte tardive de la maladie chez la petite défunte par son entourage familial. La tuberculose gagne du terrain dans la wilaya d'Oran et les médecins tirent la sonnette d'alarme contre une éventuelle épidémie, et ce, en l'absence d'une vraie planification de lutte contre la maladie à moyen et court terme. Selon des médecins spécialisés en pneumo-phtisiologie, «Le problème de la prise en charge de la tuberculose est dû essentiellement à l'absence de suivi du traitement par les sujets qui en sont atteints. L'état de ces derniers, pendant leur séjour à l'hôpital, enregistre une nette amélioration et ils quittent généralement le service, avant de mener à terme leur traitement. Du coup, leur état se dégrade et revient à la case départ et le plus grave dans la situation réside dans le fait que cette maladie est de type contagieux. C'est pour cette raison et en tant que médecin, j'insiste sur la nécessité du suivi du traitement jusqu'à sa fin.» Selon une étude socio-médicale, faite sur les circonstances et les conditions de vie des tuberculeux, «la grande majorité de ces cas est issue de quartiers défavorisés, voire même de bidonvilles qui sont dénudés de conditions d'hygiène minimales et surtout de familles pauvres. Certaines d'entre elles placent leur proche tuberculeux, en quarantaine ou dans des pièces éloignées, et ce, afin de diminuer au maximum les risques de contagion», comme en témoigne des proches de malades tuberculeux. Selon des données avancées par des instances médicales, il a été enregistré 95 tuberculeux, parmi une population de 100 mille personnes. Ce chiffre impose aux responsables, intervenant dans le secteur de la santé, à tirer la sonnette d'alarme. En effet, une telle ampleur de l'évolution de la maladie dans notre pays, dévoile les couleurs d'une propagation sérieusement inquiétante de la maladie. L'année dernière, trois malades mentaux, des pensionnaires de l'hôpital psychiatrique, sont morts de cette maladie ainsi qu'un enfant de 11 ans qui est mort à l'hôpital d'Aïn El Türck. A l'échelle nationale, la tuberculose continue de mettre en péril la vie des Algériens. Lors d'un congrès, récemment organisé autour de cette question, dans la wilaya d'El Naâma, les spécialistes ont indiqué que le nombre de personnes atteintes de cette maladie en Algérie est estimé actuellement à plus de 25.000 dont 10.000 contagieux. Certes, l'Algérie a élaboré une stratégie de lutte contre la tuberculose et sa propagation, basée sur le dépistage et le traitement, avec une couverture de 99%, de manière à faire baisser la mortalité à 50% à l'horizon 2015, mais jusqu'à aujourd'hui, aucune enquête approfondie n'a été réalisée pour expliquer l'état des lieux, alors que l'épidémie de tuberculose s'aggrave d'une année à une autre. Pour preuve, selon la société algérienne de pneumo-phtisiologie, au cours des dix dernières années, le nombre de nouveaux cas a augmenté de 20%. L'insalubrité urbaine est donc le premier facteur encourageant la propagation de la tuberculose dans notre pays. En ce sens, il convient de signaler que même les régions du Sud sont durement touchées par la tuberculose, car les agglomérations du Sahara algérien sont pour la plupart d'entre elles très affectées par la remontée des eaux de la nappe superficielle. Dans ces villes, dépourvues de stations d'épuration, des quartiers entiers sont envahis par des eaux résiduaires urbaines non traitées. Des eaux usées qui engendrent des nuisances importantes comme les gênes olfactifs et favorisent l'insalubrité et la dégradation des conditions sanitaires.