Le vide commence à peser à la gare Agha d'Alger. Les trains à l'arrêt, seuls les agents de garde sont là pour veiller à la sécurité des lieux. Les rideaux des guichets restent baissés. Le hall d'entrée qui grouillait d'habitude de voyageurs est dans une nouvelle ambiance où une calme trompeur l'emporte sur le vacarme d'il y a une semaine, avant la grève. Une semaine après le lancement de la grève surprise, la gare est toujours vide. Aucune solution n'est trouvée au conflit, si ce n'est l'annonce de bonnes intentions. "Nous attendons ce que vont nous annoncer nos représentants syndicaux appelés à une réunion avec le secrétaire général de l'UGTA" nous a confié un agent de la SNTF rencontré à la gare Agha. "Nous ne sommes pas près d'arrêter ce que nous avons entamé. Nous sommes dans notre droit" rectifie son collègue, un contrôleur. "Le ministère du Transport aurait dû intervenir tout de suite, quand la grève avait été déclenchée. Mais au lieu de cela, on nous intente une action en justice pour faire cesser la grève. Nous n'arrêterons pas avant que la SNTF se mette dans la norme" précise notre interlocuteur. "La SNTF nous donne un salaire de 12.000 Da, ce qui ne représente même pas le SNMG» dénoncera le contrôleur. Pour le syndicat, il y a deux revendications auxquelles il est impératif de trouver une réponse. D'abord appliquer l'augmentation du SNMG, ensuite commencer la négociation collective. Pour le premier point, le ministère a donné son accord pour commencer les négociations afin d'augmenter le SNMG. Concernant la convention de branche, aucune partie n'est prête à s'engager officiellement pour augmenter les salaires des 10.000 travailleurs. Les rencontres marathon se sont multipliées, sans résultats tangibles. La direction de la SNTF a, depuis le début de la grève, fait appel à la justice pour faire cesser le mouvement. Mais, cette fois-ci, ce sont les autorités politiques qui ont décidé d'intervenir, avec l'appel de Amar Tou aux travailleurs leur demandant de reprendre le travail et à la direction de la SNTF d'engager des négociations. "Le travail devrait reprendre immédiatement et instruction a été donnée à la SNTF d'engager des discussions sérieuses avec le syndicat pour négocier la convention de branche" a déclaré le ministre. En plus de l'application du nouvel SNMG, les cheminots demandent des augmentations de salaires de 20 à 23% prévues par les conventions de branches signées début mai et touchant une vingtaine de secteurs économiques. Jusqu'à hier, donc, aucune solution n'a été trouvée pour ramener les travailleurs à reprendre le travail. La réunion du secrétaire général de l'UGTA et du président du syndicat devait déboucher sur un appel à la reprise, ce que refusent les grévistes qui exigent du concret.