Profitant des vacances scolaires et du 1er Novembre, la majorité des algériens n'a pas attendu le dernier jour pour voyager. Mardi, 1er novembre. Il est 12h45 minutes. En cette veille de l'Aïd, la station de taxis interwilayas d'Alger, située devant la gare centrale ferroviaire, est inhabituellement vide. En pareille époque, d'habitude, les rares taxis qui entrent à la station sont aussitôt pris d'assaut par une foule de voyageurs en colère et voulant tous passer les fêtes en famille. Ce mardi, tel n'est pas le cas, car cette fois-ci, ce sont les chauffeurs de taxi qui attendent d'hypothétiques clients qui se font désirer. “M'Sila. M'sila”, crie à tue-tête un chauffeur de taxi dont la voix semble affaiblie par le jeûne. Trois clients ont déjà pris place dans la Peugeot 505 familiale pouvant transporter 8 personnes dont le conducteur. “Vous voyez. Je suis en tête de station depuis 15 minutes et seul trois clients sont montés. Je dois attendre 4 autres clients pour démarrer”, déclare le conducteur. Ce denier se rappelle avec regret les années précédentes. “Il y avait tellement de clients que je faisais en 24 heures trois allers-retours entre M'Sila et Alger. Dès que j'arrivais à la station, les voyageurs jouaient des coudes pour avoir une place”, affirme le même chauffeur de taxi. Cette situation exceptionnelle est visible au niveau des autres stations à destination des autres villes du pays. Les taxis desservant les villes de l'Ouest forment de longues files, et les clients sont aussi rares. “Cela fait plus de deux heures que je suis à la station, et je ne suis même pas parvenu à la tête de la file pour pouvoir charger. Mes collègues mettent longtemps à charger ce qui fait que la file avance lentement”, affirme un chauffeur de taxi de Sidi Bel-Abbès. Les rares voyageurs rencontrés ne semblent nullement pressés comme les années précédentes. “J'ai bien fait d'attendre aujourd'hui pour rentrer chez moi à Bordj T'har dans la wilaya de Jijel. Mes amis ont rencontrés des difficultés hier, mais aujourd'hui les taxis sont nombreux et les voyageurs ne se bousculent pas”, affirme un voyageur en partance vers Oran. Cette baisse d'activité a une seule raison : profitant des vacances scolaires, les gens, qui se rendent chez leurs parents pour les fêtes, ont préféré avancer les dates de départ. Même les travailleurs, vivant seul à Alger, ont décidé eux aussi de ne pas attendre le dernier jour pour voyager. D'ailleurs, plusieurs chauffeurs de taxi ont décidé de rentrer à vide après avoir tenté de trouver de probables clients à la gare routière de Taffourah. Cette dernière connaît également une baisse d'activité. Les cars, qui d'habitude sont pris d'assaut par les voyageurs dès qu'ils entrent au quai, sont aujourd'hui veille de l'Aïd, obligés d'attendre de longs moments au parking, en attendant que le véhicule qui les précède ait chargé. Une fois n'est pas coutume : les conducteurs des cars invitent les voyageurs à faire vite pour pouvoir démarrer. Les voyageurs, qui pour une fois disposent de temps, préfèrent réaliser les derniers achats au niveau des magasins de la gare routière. D'ailleurs, les voyageurs ne sont pas très nombreux contrairement aux années précédentes. De temps à autre, des conducteurs de car n'hésitent pas à venir jusqu'au guichets pour inviter les voyageurs à faire vite. “Les voyageurs, ayant raté leur car, ne seront pas remboursés”, lance très fort, un homme qui semble être un employé de la gare routière. Même à l'aéroport Houari-Boumediene, les voyageurs sur les lignes intérieures sont peu nombreux. Ils ne sont que quelques-uns dans l'aérogare à 13h30 minutes. Tous sont calmes car ils savent qu'ils auront une place, même ceux qui n'ont pas confirmé l'heure de départ. “Ah, si tous les Aïds ressemblent à l'actuelle fête en matière de transport”, espère un voyageur dont l'avion pour Béjaïa décollera dans à peu près une heure. Les algériens semblent avoir appris les leçons du passé, puisqu'ils prennent leurs devants pour éviter de ne pas passer les fêtes en famille. Saïd Ibrahim