Deux jours après l'annonce de la création d'un «gouvernement provisoire de Kabylie», par Ferhat Mehenni, président du présumé Mouvement pour l'Autonomie de Kabylie (MAK), à partir de Paris, le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Saïd Sadi, sort de sa réserve pour apporter une sorte de mise au point qui ne dit pas son nom. En effet, saisissant l'opportunité de la tenue du conseil national de son parti, Saïd Sadi ressort une autre idée, qui fait son cheval de bataille depuis les années 90. A la place de l'autonomie voulue par Ferhat Mehenni pour la Kabylie, Saïd Sadi propose la régionalisation pour toute l'Algérie. Le président du RCD a estimé, vendredi passé, que la régionalisation, l'un des thèmes majeurs de son programme politique, reste «l'unique solution à la crise multidimensionnelle que traverse le pays». C'est à croire que toutes les préoccupations des Algériens résident à ce niveau. «Pas d'avenir pour le pays en dehors de la régionalisation», a déclaré Sadi dans son discours d'ouverture des travaux du Conseil du RCD. L'option de régionalisation défendue n'avait de raison d'être, à l'époque de son lancement, que pour contrecarrer l'autre option de fédéralisme avancée par le FFS. Depuis, elle a été mise aux oubliettes, d'abord parce le créneau n'était pas porteur, ensuite parce le RCD a changé de stratégie à l'approche des élections locales. Avec l'intrusion du MAK, elle est de nouveau relancée, mais la question n'a de sens que dans un contexte de lutte interne et propre à la Kabylie. La sortie de Saïd Sadi pourrait aisément être interprétée comme une réponse à l'annonce faite à Paris par une des anciennes figures du RCD, Ferhat Mehenni, même si le Président du RCD n'a pas évoqué l'action entreprise par Mehenni. A défaut de la condamner, comme l'a d'ailleurs fait la quasi-totalité de la classe politique du pays, Saïd Sadi a préféré opposer sa propre option. Le rapport Sbih, remis à la Présidence de la République, évoquait une organisation administrative basée sur un découpage en sept grandes régions. En homme politique averti, le président du RCD avait flairé la chose et en avait fait l'annonce, prématurément. Le RCD et le FFS qui se disputent le leadership en Kabylie sont en perte de vitesse remarquée, comme en témoigne la remontée spectaculaire du FLN et du RND.