Après avoir défié la décision de la justice, en refusant de suspendre leur grève, les travailleurs du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'Annaba ont décidé, jeudi dernier, à l'issue d'une assemblée générale, de mettre un terme à leur action de débrayage qui perdurait depuis lundi de la semaine dernière. Les salariés ont donc repris le travail dans la journée de jeudi à partir de 13 heures. Une autre nouveauté: le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, a déposé sa démission après l'intervention de la centrale syndicale UGTA pour faire arrêter la grève. C'est un remake du scénario de l'année écoulée lorsque le syndicat, affilié à l'UGTA, était contraint de suspendre une grève qui a duré plusieurs jours. Comme à l'accoutumée, c'est les responsables de l'UGTA qui jouent une fois de plus au pompiers. Les travailleurs de l'usine ont fait savoir jeudi dernier que la fin du débrayage vient en «exécution de la décision de l'Union de wilaya de l'UGTA, signifiée par écrit, mercredi». Cette décision, rappelle-t-on, tout en appelant à «la reprise du travail en privilégiant l'intérêt général par rapport aux intérêts personnels», rappelait dans ses attendus le jugement prononcé en référé par le tribunal d'El Hadjar, ordonnant l'arrêt de la grève, et mentionnait des «instructions» dans ce sens émanant du secrétaire général de la centrale syndicale. Ainsi, le conflit vient de changer de terrain et devient une guéguerre entre responsables de l'UGTA. Selon des témoins, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, «refuse l'idée qu'on le place dans le noyau du problème alors que c'est une revendication d'ordre salarial qui est à l'origine de la grève et non pas un intérêt personnel». C'est ce qui explique sa décision de démissionner de son poste de secrétaire général de la cellule syndicale d'ArcelorMittal. Les mêmes témoins indiquent que c'est la phrase émanant de l'UGTA, selon laquelle «il faut privilégier le dialogue et l'intérêt général par rapport aux intérêts personnels», qui est à l'origine de la démission de Smain Kouadria. Au cours de l'assemblée générale tenue jeudi dans l'enceinte du complexe sidérurgique, le secrétaire général du syndicat, qui n'a pas hésité d'annoncer sa démission de son poste, a souligné que la décision de levée de la grève qu'il a qualifiée de «sacrifice», a été prise «en application des instructions de la centrale syndicale UGTA». «Nous ne sommes pas convaincus de ces instructions qui ne servent ni l'intérêt des travailleurs ni l'exercice du droit de grève consacré par la constitution», a-t-il fait savoir. En réaction à cette démission, le conseil syndical de l'entreprise ArcelorMittal, qui compte quelque 140 délégués, a décidé que le poste de secrétaire général du syndicat «restera vacant jusqu'à nouvel ordre». Interrogé par la presse au sujet de la reprise du travail par les travailleurs, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba, M. Vincent Le Gouic, a estimé qu'il s'agit d'«une décision sage permettant de protéger les installations de l'usine contre des risques techniques et d'améliorer les résultats de production». Quant aux revendications salariales des travailleurs, le même responsable a indiqué que des discussions «s'engageront après l'assemblée générale des actionnaires d'ArcelorMittal Annaba qui se tiendra au plus tard début juillet 2010 pour approuver les comptes de l'exercice précédent».