Le secrétaire général de la section syndicale UGTA du complexe sidérurgique d'El Hadjar, Smain Kouadria a déclaré avoir saisi l'inspection du travail afin qu'elle organise une séance de conciliation avec la direction générale d'ArcelorMittal Annaba. Cette dernière refuserait d'appliquer les décisions de la 13ème tripartite Gouvernement-UGTA-Patronat et les dispositions de la convention adoptée à l'issue des récentes négociations de branche. Des assemblées générales se tiendront parallèlement en vue de lancer un éventuel préavis de grève en cas d'échec de la procédure de conciliation. Kouadria va plus loin, en lançant un appel à la nationalisation du complexe. «Nous lançons un appel pressant à nos gouvernants pour la nationalisation du complexe sidérurgique de El Hadjar, des mines de Tébessa et des différentes filiales cédés en 2001 au groupe indien ArcelorMittal à hauteur de 70% des actifs». Cet appel a été voté à l'unanimité les 6.000 travailleurs du complexe sidérurgique d'El Hadjar représentés par leurs élus du conseil syndical. C'est ce qu'a annoncé le secrétaire général du syndicat d'Arcelor Mittal ce jeudi lors d'une conférence de presse. Il illustre la colère des salariés du complexe. Ce début de crise pourrait aboutir à une grève illimitée. «Nous avons demandé à l'inspection du travail d'entamer une procédure de conciliation. En cas de désaccord, il n'y aura pas de préavis de grève. Le débrayage sera aussitôt entamé. Les habitués des « bons offices» doivent réagir dans les 5 jours qui suivent à partir d'aujourd'hui. Après, il sera trop tard. Rien ne pourra arrêter les travailleurs si ce n'est la satisfaction totale de leurs revendications », a annoncé Smaïn Kouadria, approuvé par la totalité des membres du syndicat de l'entreprise. La conférence de presse qu'il a animée au siège de son institution dans l'enceinte du complexe se veut un sérieux avertissement des travailleurs à l'adresse de la direction générale. Par la voix de son directeur général cette dernière a argumenté la nécessité d'appliquer la prudence en matière financière et au plus grand respect des équilibres économiques de l'entreprise. La colère des travailleurs est également liée au fait que 1.200 d'entre eux sur les 7.200 en poste début 2009 ont été licenciés ou ont quitté l'entreprise sans être remplacés. «ArcelorMittal recrute du personnel étranger dans un cadre très douteux pour des missions à même d'être efficacement accomplies par des algériens. Deux cent autres travailleurs doivent partir prochainement dans les mêmes conditions», a affirmé le SG du syndicat. Sur ce point Smaïn Kouadria a lancé des accusations. «D'un côté notre employeur refuse d'augmenter les salaires des travailleurs conformément aux décisions de la tripartite et à la convention de branches. De l'autre, il paie mensuellement à un bureau de consulting suisse des centaines de milliers de dollars pour des prestations de service qui n'existent pas réellement», a-t-il ainsi affirmé. Il a présenté des éléments concrets pour justifier ses accusations, comme de vraies fausses factures en dollars dont des exemplaires ont été remis aux représentants de la presse. Elles ont été établies mensuellement durant sept mois pour un montant global de plus de 6 millions de dollars par un bureau consulting installé en suisse. Selon le 1er animateur du syndicat de l'entreprise, il s'agit de prestations de service fictives que ArcelorMittal Annaba a réglées en connaissance de cause. Une vingtaine de contrats de travail pour des agents et cadres étrangers appelés à occuper des postes imaginaires ou loin de nécessiter des compétences étrangères. Selon lui, ces agissements ont été réalisés avec la complicité de l'ANEM d'Annaba. «Il est étonnant que les services compétents ne se soient pas inquiétés de toute cette situation. Certaines portent atteinte à l'économie nationale d'autres à la politique de l'emploi prônée par notre gouvernement. Des personnes étrangères sans niveau ou sans compétence réelle profitent de la complaisance intéressée de l'ANEM pour se faire recruter», a ainsi ajouté le SG du syndicat.