«Votre Honneur, dit S.S., victime et épouse de L.A., je pardonne à mon mari l'agression dont j'ai été victime et d'ailleurs, j'ai même retiré la plainte que j'avais déposée contre lui.» «Vous savez, continue l'épouse, nous avons des enfants et cette affaire peut avoir des répercussions sur eux.» «Mais il aurait pu attenter à votre vie, le coup de hache qu'il vous a porté a sectionné deux de vos doigts.» «Je sais, mais…», et la victime se tait alors, ne sachant plus quoi dire. Nous sommes le vingt octobre 2009, le mis en cause qui avait divorcé de son épouse, depuis un moment déjà, était venu rendre visite à cette dernière, et selon les déclarations même des époux, ils tentaient une petite réconciliation. Mais une fois de plus, le désaccord les oppose de nouveau, à propos de la pension alimentaire des enfants. Las des jérémiades de son ex-épouse, L.A. ne trouve rien d'autre à faire que de s'allonger sur un matelas et lui demande de le laisser dormir. Folle de rage, elle commence à hurler, ameutant ainsi le voisinage. Il lui demande à maintes reprises de se taire, mais elle n'obtempère pas et sa rage redouble alors lorsqu'il se sent nargué par son épouse. Et sans crier gare, il saisit un gourdin et lui porte deux coups à la tête puis brandit à son encontre une hache. If faut dire que le mis en cause est boucher et a donc la main agile. Voyant la hache, S.S. tente de se protéger la tête et porte ses mains devant son visage. Elle reçoit deux coups à la main dont le premier lui sectionne un doigt et le second, également reçu à la main, sera la cause de l'amputation du deuxième doigt. Appelé hier au niveau du tribunal criminel de la cour d'Oran, le mis en cause, originaire de Médéa, marié trois fois et devant répondre du grief de coups et blessures volontaires ayant entraîné un handicap à vie, reconnaît les faits et jure qu'il ne voulait pas en arriver là. «Ce jour, je suis allé la voir pour une éventuelle réconciliation et pourquoi pas la reprise de notre vie de couple», dit le prévenu à l'audience. «Mais les coups auraient pu lui être fatals.» Ne sachant que dire, le mis en cause se tait. Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a requis la peine de dix ans de réclusion contre le prévenu et la défense a plaidé, quant à elle, sa non-culpabilité. Aux termes des délibérations, la peine requise a été retenue.