C'est une véritable guerre contre la corruption que mène le Premier ministre, décidé à éradiquer ce phénomène de plus en plus inquiétant. Ahmed Ouyahia a décidé d'interdire aux responsables des banques et compagnies d'assurances publiques l'achat de matériel informatique sans l'accord du ministère des Finances. «Tout achat de matériel informatique doit être soumis au ministère des Finances. La procédure est également valable même pour l'acquisition d'un seul ordinateur», selon une source proche du dossier, reprise par le journal en ligne TSA. Cette décision intervient une semaine après la publication par la Banque d'Algérie d'un appel d'offres pour l'acquisition d'un important lot de «compteuses de billets». La décision du Premier ministre serait motivée par des malversations dans la passation de marchés de fournitures de matériel informatique par certaines banques et compagnies d'assurance à capitaux publics. Ainsi, Ouyahia envisage-t-il de réduire, voire éviter carrément le recours à la formule de gré à gré dans l'attribution de marchés relevant du domaine de l'Etat. Il semblerait, cependant, que cette mesure commence à faire des mécontents. L'un des responsables des sociétés concernées estime que «ce n'est pas parce qu'il y a des abus qu'on décide de punir tout le monde. La nouvelle procédure va alourdir davantage le fonctionnement des banques et compagnies d'assurance et ne va pas vraiment mettre fin à la corruption dans la passation de marchés publics». Depuis le début de l'année écoulée, le gouvernement mène une vaste opération de lutte contre la corruption dans le secteur public. La lutte contre la corruption et les importations inutiles est devenue une priorité pour Ouyahia qui semble ne lésiner désormais sur aucun moyen pour sanctionner les auteurs d'actes de corruption. C'est le même responsable qui a ordonné également aux présidents de directoires des SGP, les PDG des entreprises publiques économiques (EPE) ainsi que les directeurs généraux des instituts sous tutelle de «centraliser les études de faisabilité réalisées, réduire le recours aux bureaux d'études étrangers, exiger une déclaration de probité de tout contractant national ou étranger ainsi que leurs sous-traitants et recourir aux entreprises nationales pour les biens et services produits localement». Cette instruction est incorporée dans le texte d'une circulaire, la 680/PM du 21 décembre 2009, transmise récemment aux responsables préalablement cités. Il est attendu l'annulation de toute forme de transaction passée de gré à gré dans le secteur public, histoire de limiter, voire même éradiquer la corruption qui gangrène le domaine de l'Etat.