Le marché couvert de Hennaya est loin de ressembler à toutes ces constructions similaires qui permettent aux consommateurs de faire leurs emplettes quotidiennes en légumes et fruits. A l'intérieur, seuls trois ou quatre vendeurs continuent, contre vents et marées, à proposer leurs marchandises aux rares consommateurs -sans doute des clients fidèles- qui s'enhardissent à franchir le seuil du marché. Les bouchers qui avaient, un temps, offert leurs services aux consommateurs, ont déserté les lieux depuis belle lurette. Leurs locaux ainsi que ceux d'autres vendeurs de fruits et légumes, laissés à l'abandon, se sont transformés en dépotoirs immondes qui défigurent le décor. La plupart des étals restent, donc, désespérément vides, leurs propriétaires ayant choisi de proposer leurs marchandises aux abords de cette construction hideuse. La «poissonnerie», manquant visiblement d'hygiène, pousse les vendeurs à s'installer dehors pour proposer les produits de la mer à leurs clients. Mais qu'est-ce qui fait fuir les commerçants? D'aucuns considèrent que l'organisation chaotique est à l'origine de la désaffection des lieux par les vendeurs et les consommateurs. Le laisser-aller et la négligence ne sont pas, eux aussi, étrangers à cette situation. Le visiteur qui prend la peine de faire un tour à l'intérieur, peut être choqué à la vue de cette saleté repoussante qui caractérise les lieux. Les ordures s'entassent un peu partout dans le marché, parfois tout près d'un étal où sont exposés les fruits et légumes. Une odeur désagréable et tenace se dégage de certains recoins devenus des urinoirs car, faut-il le signaler, l'endroit ne dispose même pas de toilettes. Certains vendeurs diront que l'absence d'une règlementation stricte imposant un comportement bien défini contribue à la gestion chaotique d'un endroit pourtant vital. Ceux qui continuent à respecter la loi en proposant leurs produits dans les locaux qui leur sont réservés, se disent défavorisés par l'anarchie qui y règne. Les consommateurs, fuyant, sans doute, la saleté et les odeurs, préfèrent faire leurs emplettes dehors où les fruits, légumes et autres poissons sont exposés en quantités suffisantes. Selon un vendeur, les autorités communales ne sont jamais venues s'enquérir de la situation lamentable dans laquelle se trouve ce marché, une situation qui porte un sérieux coup à l'image de marque de toute une ville. D'aucuns interpellent donc les élus et sollicitent leur intervention afin qu'un peu d'ordre soit remis dans un endroit qui est un peu la vitrine de la localité.