Le remaniement du gouvernement qui s'est produit récemment serait-il le prélude à une nouvelle politique ou, seulement, à rectifier le tir? La question mérite d'être posée lorsqu'on constate les orientations des nouveaux locataires des portefeuilles de l'Intérieur et de l'Industrie. En effet, depuis leur installation à la tête de ces deux départements, Ould Kablia et Mohamed Benmeradi, respectivement ministre de l'Intérieur et des Collectives locales et ministre de l'Industrie, multiplient des actions qui s'articulent pour l'essentiel autour de la remise en cause et de critiques des décisions de leurs prédécesseurs. Dahou Ould Kablia a été le premier à ouvrir la voie à travers les mesures d'allégement des pièces constitutives des documents biométriques. Alors que son prédécesseur, Yazid Zerhouni, ne voulait rien entendre, en dépit des critiques récurrentes sur le volumineux dossier pour l'obtention de la carte d'identité et du passeport, son successeur s'est immédiatement investi en répondant favorablement à toutes les attentes allant jusqu'à joindre le geste à la parole sur une période très courte. Depuis avant-hier, c'est au tour de Mohamed Benmeradi de s'en prendre de manière implicite à la politique industrielle de son prédécesseur Hamid Temmar. N'est-ce pas une critique indirecte lorsqu'il déclare que «l'industrie algérienne, ce n'est pas de la quincaillerie»? Le ministre en charge de l'industrie, de la PME et de la Promotion de l'Investissement, qui visitait le complexe industriel de la SNVI à Rouiba, donnait ainsi la répartie à Hamid Temmar qui avait eu ce jugement sur la qualité de l'industrie nationale qui est loin d'être compétitive sur le marché international. Benmeradi contredira une seconde fois son prédécesseur sur la question du montage des véhicules légers, en Algérie «il s'agit d'une industrie très complexe, je ne peux pas vous dire si c'est faisable, chez nous, il faut laisser aux spécialistes le soin d'y répondre». Ce faisant, le tout nouveau ministre dira que «ma première visite je l'ai réservée de façon symbolique au complexe SNVI en tant que fleuron de l'industrie algérienne». Benmeradi plaidera «pour une véritable relance de l'industrie algérienne». «L'Etat est disposé à apporter son soutien au complexe SNVI et à développer, autour de cette plate-forme, d'autres à travers l'ensemble du territoire national. Concernant les dettes de la SNVI, le ministre expliquera que ces dernières «ne sont pas considérées totalement comme des dettes, puisqu'il y a des stocks évalués à des milliards de dollars». Il expliquera que le gouvernement «étudie des investissements pour la mise à niveau de la SNVI et le problème des dettes sera pris en charge à cette occasion». Dans ce cadre, le ministre de l'Industrie annoncera que «les entreprises ne doivent plus compter, uniquement, sur l'Etat». Remise en cause de décisions, déclarations contradictoires? Ces critiques laissent supposer, a priori, qu'Ahmed Ouyahia ne veut plus assumer l'héritage de Zerhouni et de Temmar qui, à l'époque, contestaient son autorité.